mardi 4 février 2014

Le Blog science-fiction de Marc

Un blog de science-fiction où je pense pouvoir trouver des articles bien intéressants : http://marcfvb.wordpress.com/


A consulter tout particulièrement :
http://marcfvb.wordpress.com/tag/space-opera/ et
http://marcfvb.wordpress.com/category/art-graphique/

4 commentaires:

Je a dit…

Les enfers virtuels – Iain M. Banks
Publié le 19 septembre 2013 | 1 commentaire

Précédemment sorti en deux tomes chez Laffont Ailleurs & Demains, ce livre appartenant au cycle Culture de Iain M. Banks est enfin disponible en poche. Et quel livre de poche ! Plus de 850 pages pour une histoire qui nous plonge dans un univers bien familier pour les amateurs du cycle. On a droit ici à une excellente traduction de Patrick Dusoulier et à une couverture de Lauren Panepinto.

Je n’ai eu aucun problème à rentrer dans cette histoire. Une fois découverts les quelques personnages principaux, l’univers de la Culture est tout à fait familier. Les mentaux y jouent une place importante, comme d’habitude. La seule vraie nouveauté, c’est l’apparition des enfers virtuels, qui sont finalement des réalités virtuelles dans lesquelles les morts ont encore une existence. Mais quelle existence ? Un enfer, un vrai enfer, qu’ils revivent souvent. En matière de torture intellectuelle, on atteint un sommet dans les civilisations proches de la Culture.

Le personnage principal de cette histoire est Lededje, qui est une intaillée (tatouée dehors et dedans), qui est devenue esclave sexuelle de l’homme le plus riche de Sichulte. Sa mort dès le début de l’histoire devrait nous plonger dans l’embarras. Eh bien non ! Banks nous montre ce que la Culture est capable de faire, et Lededje sera reventée à bord d’un vaisseau. Pour l’amateur de la Culture que je suis, je ne pouvais pas mieux demander.

Tous les personnages de l’histoire ne sont pas indispensables. Par exemple Prin et Chay. Cette dernière en particulier. Ils vont vivre l’enfer dans toute sa splendeur. Ils souffriront, en quête d’une porte de sortie dans chaque enfer, mais ils tomberont sur un autre enfer. Ils seront la proie des démons. À travers Chay, on va vivre cet enfer perpétuel de manière plus explicite. Au-delà de la souffrance, c’est aussi l’espoir de mettre un terme à celle-ci qui prédomine chez elle. Et Chay va passer de proie à prédateur. Elle libérera les âmes à travers sa propre faim et sa propre souffrance. C’est beau et c’est horrible. Les chapitres qui sont consacrés à Chay n’apportent rien à l’histoire principale, et n’ont pour but que de nous faire vivre les enfers à travers les yeux de deux personnages. J’aurais envie de dire que Banks aurait pu garder ces chapitres pour nous faire un vrai livre d’horreur. Mais bon, ne gâchons pas notre plaisir, cela reste excellent.

En parallèle à Lededje, on suit aussi Yime, agent de la Culture, qui ne sait pas qu’elle fait partie de Contact Spécial. Elle est chargée d’empêcher Lededje de se venger en assassinant Veppers, et d’arrêter ce dernier pour meurtre. Personnage en demi-teinte, qui manque un peu de charisme et qui est tributaire du mental qui dirige le vaisseau dans lequel elle se trouve.

Et puis il y a la confliction. La guerre larvée qui règne dans les enfers, et que le camp anti-enfers veut transposer dans la réalité. Et pour ce faire, ils mettent en production des millions de vaisseaux sur le disque Tsungariel, composé de frabricats. C’est démesuré, comme seul sait le faire Banks. Mais les plans du camp anti-enfers vont être perturbés par le vaisseau de la Culture qui amène Lededje à proximité de son tortionnaire.

Ce livre est davantage un space opera que ne l’était Trames. Les vaisseaux de la Culture y ont un plus grand rôle, soit sous leur forme primitive de vaisseaux, soit sous la forme d’avatar. Dans la deuxième partie du livre, ils prennent même le dessus sur les personnages humains. Ce n’est pas foncièrement dérangeant, mais on a l’impression que Banks a changé la logique de son histoire en cours de route.

[...]

Je a dit…

[suite ...]

Malgré le fait que j’adore toujours autant ce cycle, j’ai quelques remarques à faire. Oh, rien de grave pour un auteur comme Banks. Le livre contient quelques longueurs. Curieusement, les batailles spatiales sont racontées de manière sommaire, à travers l’avatar d’un vaisseau. Cela fait un peu « Bing, bang, j’ai refilé une raclée à l’ennemi ! ». On aurait bien voulu avoir une longue description de l’événement, comme sait le faire David Weber par exemple. Et puis, il y a le caractère de Veppers, homme le plus riche de sa planète, qui a hérité comme dette de famille de Lededje, une intaillée. L’homme en fait une esclave sexuelle et la tue dès le début de l’histoire. C’est très original puisqu’elle est le personnage principal. Mais grâce au lacet neural, la mémoire et la personnalité peuvent être sauvegardées et réimplantées dans un corps au sein même de la Culture. C’est ce qui s’appelle être reventée. Mais c’est très étrange de voir un monstre comme Veppers, prendre le parti des anti-enfers alors qu’il en détient 70 pour cent dans la galaxie. Cet étrange retournement ne colle pas vraiment avec la personnalité de l’homme qui n’a aucune considération pour la vie d’autrui.

Un dernier point concerne Vateuil, militaire qui va combattre dans des enfers virtuels et acquérir une longue expérience de la guerre. On a l’impression que ce personnage n’a pas vraiment sa place dans cette histoire. Mais la dernière ligne du livre (j’ai bien dit la dernière ligne) fait le lien avec L’usage des armes, un autre livre du cycle.

Les enfers virtuels restent un très bon livre de la Culture. Banks continue à développer son univers et à nous étonner. L’habituer du cycle se retrouvera comme un poisson dans l’eau. Le nouveau lecteur qui veut aborder ce cycle ferait mieux de commencer par L’homme des jeux ou L’usage des armes.

Voici donc encore un très bon Banks, toujours aussi original. L’auteur ne déçoit pas, et encore une fois arrive à nous captiver.

Les enfers virtuels, Iain M. Banks, Poche, 2013, 861 pages, traduction de Patrick Dusoulier, Illustration de Lauren Panepinto.

Je a dit…

Autre exemple :

Tagué NSO, science-fiction, Space opera
Prélude à Fondation – Isaac Asimov
Publié le 20 juillet 2013 | 4 Commentaires

Fondation d’Isaac Asimov est un classique de la science-fiction. Écrit entre 1951 et 1953, il s’est d’abord décliné sous la forme d’un cycle composé de Fondation, Fondation et empire, Seconde fondation. Il s’agit d’une suite de nouvelles qui retrace la chute d’un empire galactique, et sa lente reconstruction au fil des siècles. On peut comparer cette chute à celle de l’empire romain.

Tout démarre sur Trantor lorsque Hari Seldon un mathématicien de génie propose la psychohistoire, une science capable de prédire les évènements futurs. L’effondrement de l’empire ne fait plus aucun doute, et des millénaires de barbarie vont accompagner cet effondrement. Pour raccourcir cette période d’obscurantisme, Seldon met au point un plan qui devrait permettre à l’humanité entière de retrouver le même niveau de civilisation que celui de l’empire en un millénaire. Pour cela, il crée une fondation sur Terminus, qui au fil du temps va aider les différents peuples à retrouver un niveau de civilisation comparable. En parallèle à cette fondation, Seldon en a créé une seconde restée secrète, qui a pour rôle de veiller à ce que le plan qu’il a établi se réalise bien.

Il a fallu 30 ans à Isaac Asimov pour ajouter deux tomes qui font le lien entre le cycle des robots et Fondation (Fondation foudroyée, Terre et Fondation). Et encore une dizaine d’années supplémentaires pour ajouter deux tomes qui précèdent Fondation et qui sont axés sur Hari Seldon (Prélude à Fondation, L’aube de Fondation) et sur le développement de la psychohistoire.

Sur Trantor, Hari Seldon invente la psychohistoire, une science qui tient des statistiques et de l’histoire, science qui n’avait pas encore fait ses preuves. Mais lorsque celle-ci fut dévoilée au public lors d’un colloque, certaines personnes comprirent qu’elle permettrait d’accroitre son pouvoir sur la population. Un des premiers intéressés n’est autre que l’empereur Cléon, qui espère connaitre les évènements futurs grâce à cette science. Mais pour Seldon, appliquer cette science à la totalité de l’empire est impossible et trop complexe. L’empereur qui n’apprécie pas cette réponse négative veut faire tuer Seldon par l’intermédiaire de son premier ministre Demerzel.

Seldon s’enfuit, accompagné par l’historienne Dora Venabili. Ils traversent les différents secteurs de Trantor et découvrent que l’empire est en pleine décadence. Seldon n’a pas besoin d’étudier d’autre monde pour finaliser son invention. Trantor lui fournit les éléments nécessaires pour mettre au point la psychohistoire. On apprend que Demerzel est en fait R. Daneel Olivaw, un robot qui ressemble à un humain.

Ce livre fait le lien avec le cycle des robots d’Asimov. Cycle qui n’est pas indispensable à lire, mais qui peut être intéressant pour le lecteur. Je ne conseillerai pas de commencer par les robots.

Prélude à Fondation est un vrai roman, contrairement aux tomes précédents qui sont constitués de nouvelles. Les chapitres sont courts et commencent par un extrait de l’encyclopédie galactique. Si ce livre est le premier chronologiquement et montre la genèse de la psychohistoire, il ne peut se lire qu’après avoir lu la trilogie de base. Il faut d’abord avoir vécu la chute de l’empire galactique, et comprendre le rôle de la Fondation (ainsi que la deuxième) pour s’attaquer ensuite à ce prélude à Fondation qui trouve sa suite dans l’Aube de Fondation.

Il ne s’agit pas d’un livre de plus dans un cycle important. Même s’il y a été écrit plusieurs décennies après la première trilogie, il trouve parfaitement sa place dans le cycle. Hari Seldon n’est plus un hologramme qui se manifeste à des périodes précises de l’histoire galactique. C’est un brillant mathématicien qui a inventé une science qui prédit l’avenir. Écrit il y a 25 ans, ce livre est toujours d’actualité.

Prélude à Fondation, Isaac Asimov, 447 pages, Pocket

Je a dit…

Et une dernière critique sur le thème "art graphique" :

Tagué Aventure, Âge d'or, Flash Gordon
Manchu Sketchbook
Publié le 2 octobre 2011 | 4 Commentaires

Livre de croquis, d’esquisses, ce sketchbook sorti en 2008 nous présente l’art de Manchu. Après les deux livres Science [fiction] et Starship[s}, je trouvais normal de revenir sur ce livre de croquis qui a moins attiré l’attention de l’amateur de science-fiction. En 48 pages, on a un aperçu très complet de ce qui se fait actuellement de mieux en matière d’illustrations futuristes. Les dessins de Manchu vont de la simple esquisse, à une version plus élaborée proche de la bande dessinée, passe par des perspectives. Et tout cela se retrouve sur nos couvertures de livre avec une qualité de détails sans pareil.

On a l’habitude de voir les illustrations de Manchu sur les livres de science-fiction. Difficile de ne pas être tombé sur une de ses couvertures. Avec ce sketchbook, on a l’occasion de voir celles-ci dans l’étape de début. C’est à dire la recherche et la créativité. À noter que certains de ces dessins datent de l’époque où Manchu participait à l’élaboration de l’encyclopédie galactique de François Nedelec. Une ligne toujours fluide, un coup de crayon reconnaissable entre tous. Manchu, c’est le Ralph McQuarrie du 21èle siècle. Difficile de faire mieux à l’heure actuelle. Que ce soit un sujet imposé (comme thème d’un livre) ou de la vulgarisation scientifique (mission Mars), c’est toujours très réaliste, proche de ce que pourrait être le futur que nous dessine Manchu. J’adore. Cette année-ci, j’en ai d’ailleurs profité pour voir la petite exposition Manchu à la cité des sciences.

Ce petit sketchbook est un complément graphique idéal. Pour ceux qui veulent aller plus loin, les deux livres cités plus haut sont les références. Il reste toujours la possibilité d’aller sur le site de Manchu (alias Philippe Bouchet) : http://www.manchu-sf.com/

Manchu sketchbook, Comix Buro, 48 pages, 2008.