lundi 4 avril 2016

Fondation et Empire (extrait du roman d'Isaac Asimov)

La planète-ruban Radole est citée dans l'extrait ci-dessous :
Source : http://mreadz.com/read30016/p34

VI

      Lorsque les vingt-sept mondes marchands indépendants, unis seulement par la méfiance que leur inspire la mère planète de la Fondation, décident de siéger en assemblée – et que chacun est gonflé d’un orgueil né de sa petitesse, durci par son isolement et exacerbé par le danger constant – il faut passer par des négociations préliminaires dont la mesquinerie suffit à navrer les plus persévérants.
      Il ne suffit pas de fixer par avance des détails tels que les méthodes de vote et le genre de représentation : par monde ou par population. Ce sont des questions d’une importance politique complexe. Il ne suffit pas non plus de fixer les problèmes de priorité, aussi bien à la table du Conseil qu’à celle du dîner. Ce sont des problèmes d’une importance sociale non moins compliquée.
      Il fallait prévoir le lieu de la réunion. Et, en fin de compte, les routes tortueuses de la diplomatie aboutirent au monde de Radole, que certains commentateurs avaient proposé dès le début, pour la raison logique qu’il occupait une position centrale.
      Radole était un petit monde et, en tant que puissance militaire, peut-être le plus faible des vingt-sept. C’était encore un autre facteur qui avait présidé à ce choix.
      C’était un monde-ruban, et un des rares à être habité. Un monde, autrement dit, où les deux faces affrontent constamment une chaleur ou un froid extrême, tandis que la région où la vie est possible se situe sur l’étroit ruban de la zone crépusculaire.
      Un tel monde semble toujours peu accueillant à ceux qui ne l’ont pas expérimenté, mais il existe des endroits, stratégiquement disposés, où fleurit la vie, et la ville de Radole était justement bâtie à l’un de ces endroits.
      Elle s’étendait sur les douces pentes des collines, avant les montagnes déchiquetées qui bordaient l’hémisphère froid et arrêtaient la redoutable glace. L’air sec et chaud de la moitié ensoleillée se répandait jusque-là et l’on faisait venir l’eau des montagnes : entre les deux, Radole était un perpétuel jardin, baignant dans l’éternel matin d’un éternel mois de juin.
      Radole était donc à sa façon une petite oasis de douceur et de luxe sur une horrible planète, un petit coin d’Eden – et c’était là aussi un facteur intervenant dans la logique du choix.
      Les étrangers arrivaient de chacun des vingt-six autres inondes marchands : délégués, épouses, secrétaires, journalistes, astronefs et équipages ; la population de Radole doubla presque, ce qui puisa jusqu’aux limites mêmes des ressources de la ville. On mangeait, on buvait à volonté et on ne dormait pas.
      Rares pourtant étaient ceux, parmi les fêtards, qui ne se rendaient pas compte que toute cette partie de la Galaxie se consumait lentement dans une sorte de guerre latente. Et parmi ceux qui s’en rendaient compte, il y avait trois catégories. D’abord ceux, nombreux, qui ne savaient pas grand-chose et qui parlaient beaucoup…
      Ainsi le jeune pilote de l’espace qui portait sur sa casquette la cocarde de Port, et qui était parvenu, en gardant ses lunettes devant ses yeux, à attirer le regard légèrement souriant de la jeune Radolienne assise en face de lui.
      « Nous avons traversé la zone des opérations pour venir ici, disait-il. Nous avons parcouru environ une minute-lumière au point mort, juste après Horleggor…
      — Horleggor ! fit un indigène aux jambes longues qui se trouvait être l’hôte dans cette réunion. C’est là où le Mulet a pris une raclée la semaine dernière, n’est-ce pas ?
      — Où avez-vous entendu que le Mulet s’était fait ramasser ? demanda le pilote d’un ton hautain.
      — A la radio de la Fondation.
      — Ah oui ? Eh bien, le Mulet a bel et bien pris Horleggor. Nous avons failli tomber sur un convoi de ses astronefs, et c’est de là qu’ils venaient. Ça ne s’appelle pas une raclée, quand on reste là où on s’est battu et que celui qui vous a soi-disant administré la raclée décampe aussitôt.
      — Il ne faut pas parler comme ça, dit quelqu’un d’une voix un peu pâteuse. La Fondation commence toujours par trinquer quelque temps. Vous n’avez qu’à attendre la suite. La vieille Fondation sait quand il faut riposter. Et alors… vlan !
      — En tout cas, dit le pilote après un bref silence, comme je le disais, nous avons vu les astronefs du Mulet, et ils m’ont paru rudement bien ; je vais même vous dire : ils avaient l’air neufs.
      — Neufs ? fit l’indigène d’un ton songeur. Ils les construisent eux-mêmes ? » Il arracha une feuille d’une branche au-dessus de sa tête, la huma délicatement, puis se mit à mâcher les fibres qui répandaient une douce odeur de menthe. » Vous voulez dire qu’ils ont battu les appareils de la Fondation avec des astronefs de leur propre fabrication ? Allons donc !
      — On les a vus, mon vieux, et je sais reconnaître un astronef d’une comète.
      — Vous savez ce que je crois ? fit l’indigène en se penchant vers lui. Ne vous faites pas d’illusions. Les guerres ne commencent pas toutes seules, [...]

6 commentaires:

Je a dit…

Le Mulet est un conquérant (aux pouvoirs psioniques) qui a mis en péril (le temps de sa vie) l'expansion de la Fondation.
Mais comme il n'a pas laissé de descendance (d'où son surnom de "Mulet", hybride stérile d'âne et de jument), la Fondation a ensuite continué de croître sur les ruines de l'Empire Galactique jadis dirigé par le monde-capitale Trantor.
Ces événements historiques se situent aux environs de 12400 (selon le calendrier de l'ère chrétienne).

Je a dit…

Le Mulet (The Mule dans la version originale) est un personnage du Cycle de Fondation, écrit par Isaac Asimov. Il apparaît dans les livres qui portent les titres Fondation et Empire et Seconde Fondation et y représente l'un des plus grands conquérants que la galaxie ait connu. C'est un mutant capable d'ajuster les émotions d'autrui, individuellement ou en masse. Il utilise cette capacité pour les convertir à sa cause. Les personnes dont les émotions sont modifiées se comportent normalement à tout autre point de vue, et conservent leur capacité de raisonnement aussi bien que leur mémoire et leur personnalité ; s'ils sont conscients d'être manipulés, ils ne souhaitent pas résister. Tout ceci donne au Mulet la capacité de mettre en échec le plan Seldon en infirmant l'hypothèse selon laquelle aucun individu ne pourrait avoir un effet mesurable sur les tendances historiques et sociales de la galaxie.

Je a dit…

Le Mulet est originaire de la planète Gaïa (l'information n'est donnée que dans Fondation Foudroyée, et justifie l'existence de ses pouvoirs télépathiques). Après avoir fui son monde natal qui le considérera désormais comme un individu détestable, il décide d'utiliser ses pouvoirs pour fonder son propre Empire Galactique. Il se sert de ses conquêtes précédentes pour en obtenir de nouvelles : il commence par convertir mentalement une bande de pirates, puis une planète entière. Il s'empare alors du royaume de Kalgan, puissant sur le plan militaire, en modifiant les émotions de son roi. Il finit par conquérir la Fondation. Le conquérant nomme son empire « Union des mondes » et se donne le titre de « Premier Citoyen de l'Union ». Il fait de Kalgan sa capitale. Pendant la conquête de la Fondation et de son réseau commercial, et encore quelque temps après, personne ou presque ne connaît son visage.

C'est grâce à cet avantage qu'il pourra, en se faisant passer pour Magnifico, un bouffon du Mulet qui aurait trahi son maître, voyager secrètement avec trois membres de la Fondation, le savant Ebling Mis, et le couple formé par Toran et Bayta Darell. Ces trois personnages, qui avaient réussi à s'échapper de Terminus avant sa prise, projetaient de découvrir l'emplacement de la seconde Fondation. Cette autre Fondation, située "à l'autre bout de la Galaxie", est secrète et regroupe les psychologues héritiers d'Hari Seldon, qui possèdent non seulement des pouvoirs psychiques semblables à ceux du Mulet, mais connaissent également leur fonctionnement. Si eux recherchaient l'aide de ses membres, le Mulet n'était intéressé que par l'idée de pouvoir localiser et détruire l'ennemi le plus dangereux qui lui restait. Ce projet sera toutefois mis en échec par Bayta, qui tue Ebling Mis au moment où il allait révéler le lieu où se terrait la Seconde Fondation (événements narrées dans Fondation et Empire).

Bien qu'il soit déjà maître de la Galaxie, il continue de rechercher la Seconde Fondation, dans le troisième livre du cycle. Il échoue toutefois dans l'entreprise, et est même la victime d'une ruse du Premier Orateur qui le déstabilise en lui faisant croire que son centre de commandement va être attaqué. Le chef de la Seconde Fondation profite de l'occasion pour modifier le comportement du Mulet, qui se transforme en despote éclairé, mais inoffensif. Sa stérilité l'empêche d'avoir des héritiers, et à sa mort, son Empire s’effondre.

Je a dit…

L'Union des Mondes, dirigée depuis le monde-capitale Kalgan par le Mulet, se situe au 124ème siècle.

Extrait : "12300-12400 : Chute brutale de Trantor, pillage des mondes impériaux désorganisés. L'Union des Mondes, commandée par un mutant empathe, domine brièvement la Fédération de la Fondation (en prenant Kalgan comme monde-capitale)."

Voir l'article complet à : http://calypso1577.blogspot.com/2009/02/lempire-remplace-la-republique.html

Je a dit…

A signaler également : le jeu de stratégie et diplomatie inspiré de la saga d'Asimov "Fondation"; un MMORPG (en anglais, "massively multiplayer online role-playing game", soit JDRMM en français, pour "jeu de rôle massivement multijoueurs").

Lien : http://fondationjeu.com/

"Fondation" est un jeu de stratégie et de diplomatie en temps réel mêlant combats spatiaux, intrigues politiques, commerce, quête et pouvoir.
Dans cet univers inspiré de l’œuvre de Isaac Asimov, vous incarnerez tour à tour les différentes familles composant la Galaxie :
- Indépendants
- Empire
- Marchands
- Fondation
etc.

D'après le fil de discussion du forum "Jeux On line" (http://forums.jeuxonline.info/showthread.php?t=430515), les orientations des différentes confréries de joueurs sont très variées ("La seule limite est votre imagination").

Je cite : "Il existe des confréries qui défendent le plan Seldon, qui luttent contre, d'autres qui sont pour le Mulet, d'autres qui le combattent, certaines sont des confréries d'adorateurs de tel personnage, etc. Au niveau I3, cependant, il y a des orientations techniques qui donnent un pouvoir à l'ambassadeur. Elles sont toutes décrites dans la page de règles du niveau I3. Mais disons que je peux les résumer ainsi :
- pro-indépendants : permet d'avoir des astros en plus
- pro-Fondation : permet de poser des brouilleurs (à quoi ça sert ? ça à vous de le savoir )
- pro-marchands : permet de construire des mines d'or
- pro-Empire : permet de remettre en état de marche des usines et les champs
- pro-Mulet : permet de donner des planètes au Mulet.
Voilà en gros. Il en manque peut-être mais c'est pas très important pour la suite."

Je a dit…

C'est également un jeu basé sur la diplomatie : sur un secteur donné (100 planètes), les joueurs auront des missions différentes... et des forces différentes. On commence en tant que Royaume Indépendant de 4 planètes avec l'objectif de conquérir 15 planètes.
On risque de se retrouver en compétition avec le Général d'Empire dont la mission est de conserver les 70/80 planètes appartenant à l'Empire. Forcément, avec ses 70 planètes, le Général est plus puissant, mais devra faire face à plusieurs Royaumes Indépendants en même temps !
D'où la nécessité de négocier des alliances, pour préserver ses propres planètes, ou attaquer un ennemi commun !