lundi 24 mai 2021

"La Planète des Singes" (le roman) du point de vue d'Une Histoire du Futur

La Planète des singes est un roman de science-fiction publié en janvier 1963 par l'écrivain français Pierre Boulle. Succès commercial, il est rapidement traduit dans de nombreuses langues.

Le roman raconte l’histoire de trois hommes qui explorent une planète lointaine similaire à la Terre, où les grands singes (chimpanzés, gorilles et orang-outan) sont les espèces dominantes et intelligentes, alors que l'humanité est réduite à l’état animal. Le narrateur, Ulysse Mérou, est capturé par les singes et se retrouve enfermé dans un laboratoire. Prouvant son intelligence aux singes, il aide ensuite les scientifiques simiens à découvrir les origines de leur civilisation.

Satire de l'humanité, de la science et de la guerre, l'ouvrage aborde également les thèmes de l'instinct, de l'évolutionnisme et de la société humaine. La Planète des singes est l'un des romans les plus célèbres de Pierre Boulle et fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques internationales. L'auteur est même contacté par les producteurs pour rédiger le scénario d'un des films. 

Sourcehttps://fr.wikipedia.org/wiki/La_Plan%C3%A8te_des_singes

Ce qui différencie le roman des adaptations cinématographiques ultérieures, c'est que dans le film (par exemple celui de 1968, ci-dessus), les explorateurs effectuent sans le savoir un voyage dans le temps et, au lieu de se retrouver sur une autre planète ressemblant à la Terre, sont bel et bien restés à proximité de la Terre mais dans le futur post-apocalyptique ; ce qu'ils comprennent à la fin en découvrant la Statue de la Liberté en ruines.   

Source de l'image : https://lescultivores.com/la-planete-des-singes/

Mais dans le roman, les trois explorateurs spatiaux (le professeur Antelle, son assistant le physicien Levain et le journaliste-reporter Ulysse Mérou) quittent la Terre en l'an 2500 à bord d'un vaisseau à vitesse relativiste (qui accélère pendant un an, s'approche mais reste en deçà de la vitesse de la lumière, puis ralentit pendant une année supplémentaire). A l'intérieur de la fusée, il ne s'est écoulé que deux ans et quelques jours tandis qu'à l'extérieur, c'est plus de huit siècles (au minimum 427 x 2 = 854 années d'après la distance Soleil-Bételgeuse - cf. ci-dessous - auxquelles il faut ajouter les deux années d'accélération et de freinage).  


Le vaisseau arrive dans le système planétaire de l'étoile supergéante rouge Bételgeuse * (située entre 427 et 643 années-lumière de distance du système solaire selon les estimations avec une dernière mesure datant de 2013, avec le télescope spatial Herschel , qui estime que Bételgeuse pourrait approcher la distance de 500 années-lumière). 

Arrivés à proximité de l'étoile, ils distinguent quatre planètes gravitant autour d'elle. L’une d’entre elles ressemble étrangement à la Terre. Ils décident alors de l’explorer. Après avoir effectué des tests, ils quittent leur chaloupe et découvrent l’étonnante ressemblance de l’atmosphère de cette planète avec celle de leur monde d'origine, et décident de baptiser ce nouveau monde Soror ("Sœur" en latin). Ulysse Mérou découvrira dans la troisième et dernière partie du roman qu'une humanité s'est développée ici (avant de revenir à la bestialité) au moins 10.000 ans avant sa visite de Soror.


Dans Une Histoire du Futur , l'année du départ, 2500, correspond à la période 2446-2560 : "La Terre est divisée en plusieurs Provinces et le système solaire en plusieurs colonies indépendantes". La vie du professeur Antelle échappe donc à la dictature théocratique précédente (2250-2446 : le Saint-Empire triplanétaire avec New-Jerusalem pour capitale) et à la dictature eugéniste suivante (2560-2670 : avec le culte du dieu Ford). 

La découverte des voyages intersidéraux "plus-vite-que-la-lumière" n'interviendra qu'après leur départ (et presque simultanément sur plusieurs mondes voisins) : entre 2700 et 2750.

L'existence de plusieurs humanités sur des mondes différents est également rapportée page 80 d'Une Histoire du Futur : "Il a en effet été assez bien établi que les Anciens (des civilisations astropérégrines ET) étaient responsables du transport des Humains de la Terre vers un certain nombre d'autres mondes. On estime que les Humains ont ainsi été emmenés dans plus d'une centaine de mondes, avec des preuves de leur présence sur au moins 90 mondes. Sur environ 40 mondes, les Humains ont pris racine, survivant à une période de barbarie avant d'atteindre la civilisation. Une fois l'hypothèse de Solomani (qui théorisait que toutes les humanités provenaient de la Terre) a été acceptée, il était simple d'analyser les populations génétiques disponibles pour chacune des races humaines distinctes trouvées sur des mondes autres que la Terre. Ces études ont conclu que les Anciens ont visité la Terre à plusieurs reprises, emmenant des groupes de 1 000 à 10 000 humains sur chacune des 100 planètes. (« Traveller ») 

Dans le tout premier chapitre du livre, c'est un couple, Jinn et Phyllis, qui découvre une bouteille "à la mer", flottant dans l'espace, avec le reportage d'Ulysse Mérou à l'intérieur. On apprend par le narrateur le nom de plusieurs systèmes habités : "En ce temps-là, les voyages interplanétaires étaient communs ; et les déplacements intersidéraux, non exceptionnels. Les fusées emportaient des touristes vers les sites prodigieux de Sirius [à 8,6 années-lumière de la Terre], ou des financiers vers les Bourses fameuses d'Arcturus [à 36,7 années-lumière de la Terre] et d'Aldébaran [à 66 années-lumière de la Terre]."

Il est alors possible de rejoindre par voyages hyperluminiques des systèmes planétaires situés à quelques dizaines d'années-lumière du système solaire. 

En se basant sur l'année de départ (2500) et la durée minimum de voyage relativiste (854+2), la bouteille n'a pas dû être retrouvée avant l'année 3356. A cette époque, l'humanité est dans une période nommée "Interregnum" (3270-3400) qui sépare la période de la Fédération des Planètes Unies (« Star Trek ») de la Deuxième Fédération humaine. D'après le Tableau de corrélation VTL / diamètre spatiale / nombre de planètes, les vaisseaux terriens sont capables d'atteindre 393 c et la zone de peuplement des planètes humaines se trouve dans une sphère d'environ 393 années-lumière de diamètre. Cela signifie que Soror ("la Planète des Singes"), au minium à 427 années-lumière voire plutôt 500 années-lumières de distance, n'a toujours pas été colonisée !

Mais dans la conclusion, Jinn et Phyllis se révèlent être eux-mêmes des chimpanzés complètement incrédules vis-à-vis de ce récit d'un homme "raisonnable" (doué de raison). Alors peut-être que la "bouteille à la mer" n'a été retrouvée que beaucoup, beaucoup plus tard : après le départ de l'homo finis de la Galaxie et le décès de Noa Bai Ameran, le dernier homo novo, en 13048 (cf. Une Histoire du Futur page 338). Les dix mille années nécessaires à l'oubli par les singes de l'existence d'une ancienne civilisation humaine sur Soror se sont également écoulées pour que Jinn et Phyllis, deux Chimps, (comme on dit dans "Demain les Dauphins" ou dans le cycle "Élévation") aient eux aussi oubliés leurs glorieux prédécesseurs ... et maîtres.

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Bételgeuse dans la culture 

*  Bételgeuse est le siège d'un étrange gouvernement galactique dans le roman Le Gambit des étoiles de Gérard Klein (1958). 

*  C'est également autour de Bételgeuse que gravite La Planète des singes (1963) de Pierre Boulle.

* Douglas Adams, l'auteur de la série des best-sellers Le Guide du voyageur galactique (1978), a créé un personnage du nom de Ford Prefect, journaliste pour ledit Guide et natif d'« une petite planète dans les environs de Bételgeuse », tout comme son cousin Zaphod Beeblebrox.

* Bételgeuse est une planète en orbite autour de l'étoile du même nom dans Les Mondes d'Aldébaran (1994), bande dessinée de Leo.

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