samedi 31 décembre 2022

La Stratégie Ender [en cours de lecture]

 


La Stratégie Ender (titre original : Ender's Game) est un roman de science-fiction d'Orson Scott Card, publié en 1985, qui reprend et développe une nouvelle du même auteur publiée en 1977 dans le magazine Analog Science Fiction and Fact.

C'est son roman le plus célèbre. Il a reçu les prestigieux prix Nebula en 1985 et Hugo en 1986. Il possède une suite écrite un an après, La Voix des morts (également prix Nebula et Hugo), et fait partie du Cycle d'Ender.

Résumé

Dans un avenir relativement lointain, l'espèce humaine mène une guerre totale et désespérée contre la seule espèce extraterrestre connue : les Doryphores, êtres intelligents ayant une forme et un mode de vie semblables à ceux des fourmis. Les deux espèces disposent du voyage spatial mais sont limitées par les lois de la physique relativiste. À la suite d'une invasion avortée des Doryphores, l'Humanité découvre le moyen de communiquer instantanément d'un bout à l'autre de la galaxie. Dénommée ansible, cette technologie leur est incompréhensible mais utilisable. Bien que l'humanité ait acquis de nouvelles technologies inconnues de leurs adversaires, les Doryphores détiennent une supériorité numérique écrasante, vu leur implantation dans plus de 80 systèmes de la galaxie.

Pour tenter de renverser l'avantage, une école de guerre spatiale forme des enfants à devenir des officiers émérites. Les autorités, ayant déjà rejeté deux enfants supérieurement intelligents de la famille Wiggin, ont exigé la naissance exceptionnelle d'un troisième : Andrew, surnommé Ender par sa sœur Valentine (en anglais : « le dernier, celui qui termine (les choses) » : dans cette société, seuls deux enfants sont normalement autorisés par famille). À quatre ans, Ender est un garçon exceptionnel, doté d'une intelligence et d'une maturité hors du commun, mais il possède toutefois le don dangereux d'écraser ses adversaires.

Remarqué par le colonel Hyrum Graff, commandant de l'école de guerre, Ender y est enrôlé et gravit les échelons avec une rapidité stupéfiante : le roman suit son évolution dans l'école et ses progrès fulgurants en matière de commandement, stratégie et tactique, tout comme la façon dont il est manipulé par les autorités militaires. Ses frère et sœur aînés se consacrent pendant ce temps à des actions politiques.

Ce qu'Ender ignore, c'est qu'il est entièrement manipulé par le colonel afin de tirer le meilleur parti de son génie, pour réaliser un plan secret mis au point pour renverser le cours de la guerre. Peu à peu, une stratégie de la dernière chance se met en place autour de lui sans qu'il en ait conscience, bien qu'il en soit la clé : croyant s'entraîner sur un simulateur de combats spatiaux, il ignore que, grâce à l'ansible, il commande en fait une armée réelle lancée à l'assaut de la planète des Doryphores. C'est donc sans scrupules, comme dans un jeu, qu'il sacrifie ses vaisseaux et les équipages lorsque la stratégie l'impose. Acculé lors de la dernière bataille, qui paraît impossible à gagner, il décide de « tricher » dans le but d'être libéré de sa formation et fait exploser une planète qui s'avère en fait être le refuge ultime des Doryphores. Il donne ainsi la victoire finale à l'humanité, mais anéantit par là même une espèce entière, causant ainsi le premier « xénocide » de l'histoire humaine.

Son frère abhorré ayant accédé à la direction politique d'une faction sur Terre, Ender et sa sœur partent coloniser l'un des mondes désertés des Doryphores, où Ender découvre l’œuf fécondé d'une reine Doryphore laissé à son intention.

Analyse

Personnages principaux

  • Ender, de son vrai nom Andrew Wiggin mais ainsi nommé par sa sœur, est un enfant aux talents exceptionnels, mais à la sensibilité exacerbée et doué d'un instinct de survie sur-développé. Il n'hésite pas à prendre des décisions terribles lorsque sa vie est menacée, ce qui l'amène à tuer deux enfants qui l'avaient agressé. Doté d'une intelligence et d'une maturité hors du commun, il se révèle vite un stratège de génie et un tacticien hors pair. Avec l'équipe d'enfants qu'il dirige à l'école de guerre, il remporte tous les combats simulés et réels qu'on lui impose. Malgré son intelligence, il ne prend qu'à demi conscience des manipulations dont il est l'objet de la part du colonel Graff.
  • Valentine et Peter Wiggin sont la grande sœur et le grand frère d'Ender. Tout aussi exceptionnels que leur cadet, ils s'orientent vers des activités politiques. De caractères opposés, l'une est douce et sensible, l'autre violent et cruel, ils s'associent pourtant pour influer sur la vie politique de la planète en manipulant l'opinion publique à travers deux personnages virtuels, Démosthène et Locke, officiellement opposés.
  • Hyrum Graff, colonel et commandant de l'école de guerre, cynique et désabusé mais tout acquis à son devoir, suit Ender tout au long de son parcours. Dans le cadre d'un plan secret de la dernière chance mis au point pour obtenir la victoire, il manipule le garçon pour mettre le plus à profit son génie. Il joue sur sa sensibilité, son sens de la justice et son instinct de conservation.
  • Bean, de son vrai nom Julian Delphiki, est le soldat le plus intelligent d'Ender dans l'armée d'entraînement qu'il dirige à l'école de guerre. Enfant exceptionnel, il est le personnage principal du roman parallèle que Orson Scott Card a écrit bien après, intitulé La Stratégie de l'ombre, et qui raconte la même histoire, mais de son point de vue. Bean est aussi le héros de La Saga des ombres.
  • Alai est une des premières personnes avec qui Ender va sympathiser. Au début de l'oeuvre, il sera vu comme l'ami de Bernard, harceleur d'Ender mais après que ce dernier se soit vengé de Bernard, Alai et lui commenceront à fraterniser lors de leurs cours. Il deviendra ensuite un des plus grands amis d'Ender et l'aidera tout au long de son apprentissage à l'école de Commandement lors de ses simulations

Adaptations

Adaptation cinématographique

 

Andor (saison 1), Rogue One (film) et Star Wars IV - Un nouvel espoir (film)

Après voir visionné les douze épisodes de la série Andor (2022), bien que sachant qu'une deuxième saison est en projet pour faire le lien avec le film Rogue One (2016), j'ai directement enchaîné en visionnant non seulement Rogue One mais aussi Star Wars IV -Un nouvel espoir (1977) ; comble de bonheur, ce (re)visionnage a été partagé avec mon jeune fils !


 

jeudi 29 décembre 2022

[Archive] Avatar, Delgo et Call me Joe

Présentation du premier film de la franchise Avatar.

Un héros malgré lui se lance dans une aventure épique qui le conduira à se battre pour sauver un monde lointain, un monde qu'il finira par considérer comme le sien.

Nous découvrons ce monde lointain à travers le regard de Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant. Malgré sa paralysie, Jake est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre.

Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains,, ceux-ci ont créé le programme Avatar qui permet à des "pilotes" humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survire dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora. Sous sa forme d'avatar, Jake Sully peut à nouveau marcher. On lui confie une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake. Ce dernier est alors recueilli par son clan et, à travers de nombreuses épreuves et aventures, il va apprendre progressivement à devenir l'un des leurs. Alors que la relation entre Jake et la réticente Neytiri s'approfondit, Jake en vient à respecter le mode de vie des Na'vi et finit par trouver sa place parmi eux. Reste pour lui à affronter l'ultime épreuve en les menant dans une bataille épique qui devra sceller le destin de tout un monde.

La planète Pandora a été conçue dans ses moindres détails par le cinéaste James Cameron et ses collaborateurs, de la géographie à la faune et la flore (inspiration sous-marine manifeste, comme dans un de ses précédents films : Abyss), en passant par l'écosystème et surtout le peuple des Na'vi. Un peuple extraterrestre pour lequel James Cameron a fait appel à des spécialistes en comportement, dialectes et anthropologie afin de créer une race dotée d'une culture et d'un langage propre !

Depuis la sortie du film [en 2009], nombreuses sont les critiques, des accusations de plagiat en passant par celles de blasphème. Ainsi, le Vatican, par son prote-parole, a vivement accusé le film de faire l'apologie du paganisme et a très officiellement rappelé que la Nature est une création de Dieu (selon la doctrine judéo-chrétienne) et non une divinité elle-même (c'est l'un des thèmes développés dans le film, faisant écho à la vague écologiste qui sensibilise le monde occidental depuis quelques années).

Certains reprochent au long métrage des similitudes visuelles avec le film d'animation Delgo, ainsi que des ressemblances troublantes avec Call me Joe (1957), signé Poul Anderson, (lire l'article en anglais à http://en.wikipedia.org/wiki/Call_Me_Joe) qui voit un explorateur paraplégique prendre télépathiquement le contrôle d'un corps alien pour explorer sa planète inhospitalière. 


En 1984, James Cameron avait déjà été accusé de plagiat sur Terminator, que Harlan Ellison jugeait très proche de deux épisodes de Au-delà du réel dont il était l'auteur. Un arrangement avait été trouvé et Harlan Ellison fut crédité au générique du film. [Sans oublier le fait que les séries Terminator 1 à 4 et Matrix 1 et 2 ont toutes deux été plagiées/volées par Warner Bros à l'auteure afro-américaine Sophia Stewart qui n'a obtenu gain de cause qu'au terme d'un procès de 30 années !]

Qu'en est-il des "inspirations" visuelles du film Delgo ?  Jugez par vous-même. 

Pour les commentaires, voir la source : https://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2010/01/avatar-le-synopsis-et-les-critiques.html

mercredi 28 décembre 2022

Avatar - La voie de l'eau

 


Avatar : La Voie de l'eau (Avatar: The Way of Water) est un film de science-fiction américain réalisé par James Cameron et sorti en 2022.

Il s’agit de la suite du premier film de la franchise Avatar se déroulant dans l’univers de fiction d'Avatar. Une suite, Avatar 3, est prévue pour 2024.

Synopsis

Plus d'une décennie après les affrontements sur Pandora, Jake Sully assume désormais son rôle de chef des Omaticaya. Avec sa compagne, Neytiri, ils s'occupent de leur famille : Neteyam, leur fils aîné, Lo'ak, son frère, Kiri, leur fille adoptive (mystérieusement née de l'avatar inerte du Dr Grace Augustine), Spider, un garçon humain abandonné sur la planète, et Tuk, leur fille cadette.

D'autres humains reviennent alors en force sur Pandora. Leur mission est de préparer la planète à devenir une nouvelle Terre et accueillir leur exode. Jake, Neytiri et les Omaticaya sont les premiers à s'opposer à eux. Cependant, les humains ont également dans leurs rangs une escouade de « recombinés » : des avatars Na'vi avec les souvenirs de soldats décédés. Leur chef n'est autre que le colonel Quaritch, qui avait pris soin de faire une sauvegarde de sa mémoire et de sa personnalité avant la bataille où il perdit la vie.

Préférant mettre sa famille à l'abri, Jake renonce à son rôle de chef et mène les siens jusque chez les Metkayina, un clan Na'vi vivant sur la côte est de Pandora. La famille Sully se voit ainsi contrainte de s'intégrer à une nouvelle culture et faire face à l'opposition de certains qui voient d'un mauvais œil leur venue et leur mixité humaine-Na'vi. De son côté, Quaritch se met à la recherche de Jake pour l'empêcher de mener une insurrection Na'vi, mais aussi par vengeance personnelle. 

Critiques 

Pour Antoine Desrues du site ecranlarge.com, le film est une « claque technologique et mythe moderne d’une densité folle [...] Avatar 2 : La Voie de l’eau est bien le miracle tant espéré. James Cameron a de nouveau signé un film monde bouleversant, dont la portée philosophique devrait occuper longtemps... au moins jusqu’à Avatar 3 ».

Pour Adrien Gombeaud du quotidien Les Échos : « Treize ans après avoir signé le plus grand succès de l'histoire du cinéma, James Cameron propose une suite encore plus ambitieuse. À travers le spectaculaire miroir de Pandora, Cameron ausculte les maux de notre Terre, l'écologie et l'immigration. Un conte humaniste et un très grand spectacle familial ».

Pour Olivier Portnoi du portail Filmactu du site jeuxactu.com : « Avatar La Voie l'Eau, c'est Avatar puissance 10. Une véritable prouesse technologique doublée d'une puissance cinématographique visuelle et émotionnelle rare. Si quelqu'un peut prouver que la salle de cinéma a encore sa place aujourd'hui, c'est bien James Cameron ». 

Quelques images

 



























Andor (série télévisée)


Andor est une série télévisée américaine en prise de vues réelles créée par Tony Gilroy. Elle fait partie de l’univers Star Wars.

Il s'agit d'une préquelle du film Rogue One (2016), premier volet des films sortis sous la bannière A Star Wars Story (il sera suivi de Solo en 2018). La série est centrée sur le personnage de Cassian Andor (à nouveau interprété par Diego Luna) et se déroule cinq ans avant Rogue One.

Les douze épisodes de la première saison sont diffusés depuis le 21 septembre 2022 sur Disney+.

Une deuxième saison est également prévue, comportant aussi douze épisodes et dont la fin mènera directement au film Rogue One

Synopsis

Cinq ans avant la périlleuse mission sur la planète tropicale Scarif , Cassian Andor participe comme espion aux prémices de la résistance contre l'Empire galactique, participant à ce qui deviendra l'Alliance rebelle


Tous à Zanzibar (prix Hugo 1969)



 Résumé
:

New York au XXIe siècle, mais ce pourrait être Londres, Paris, Montréal…

Une ville tout entière protégée par un dôme, mais parcourue de saboteurs qui détruisent et tuent pour le plaisir ; une ville régie par la technologie la plus raffinée, mais où l'émeute peut éclater à chaque détour de rue ; où la loi vous interdit de procréer si vous présentez la moindre tare, mais qu'est-ce qu'une tare ? Pour le savoir, pour tout savoir, soyez à l'écoute de Shalmaneser, l'oracle électronique !

C'est dans ce monde que tentent de vivre, liés par une amitié menacée, Donald Rogan, le Blanc, et Norman House, l'Aframéricain. Deux hommes lucides, qui se veulent encore libres. A moins que conditionnés, manipulés, ils ne soient plus déjà que des pions que l'on déplace sur l'échiquier d'une conspiration planétaire…


Avis de lecteurs


Osmanthe : Voici une oeuvre choc de la SF ! Sorti en 1968, ce gros roman relu de nos jours s'avère visionnaire, la réalité ayant largement rejoint cette formidable fiction sous bien des aspects.
Jugeons plutôt, la revue de détail est éloquente, et même sidérante !
vers 2010, les villes sur Terre sont surpeuplées, des gens dorment dans la rue, où des "amocheurs" font régulièrement des raids mortels.
L'espionnage industriel et le sabotage font rage.
La science a fait des progrès importants, on peut désormais vivre avec des organes artificiels. On se bourre de drogues et médicaments. La législation eugénique interdit de procréer à ceux qui présentent la moindre anomalie génétique, et on tolère très mal les couples ayant plus de 2 enfants.
La publicité TV aliène l'individu.
Les baleines ont disparu, l'eau est rare et chère.
Certes, les automobiles et leur lot d'embouteillages monstres ont disparu aussi (mince, la seule bonne nouvelle n'a même pas eu lieu !)
Les inégalités de richesse entre pays sont très fortes, dans un monde bipolaire dominé par l'affrontement capitalisme/maoïsme chinois...tandis que le Yatakang, nouvelle puissance économique d'Asie du Sud-est décolle !
Economie nationalisée, aux mains de quelques Etats et multinationales comme la General Technics, gardienne du fantastique ordinateur Shalmaneser qui filtre l'information, et, qui sait, a peut-être une conscience ?
Pour le sociologue Chad Mulligan, il y a urgence : ce monde chaotique et dangereux est "délinquescent"...mais est-il encore temps d'agir dans ce tourbillon ? Peut-on encore vivre comme les hommes du continent africain ? L'énorme retard technologique et la misère de ses habitants sont peut-être le double prix à payer pour rester libre et maître de son destin, donc finalement heureux, face à un monde artificiel et cybernétique ?
Personnellement, une des plus belles oeuvres de SF jamais lues, la vraie SF traditionnelle comme elle n'existe pratiquement plus, emportée par les cycles fantasystes qui ont suivi, et peut-être par ce qu'on appelle le "progrès" qui a souvent dépassé la fiction.
Et c'est aussi un choc stylistique, le procédé d'écriture est déroutant, percutant, au départ la présentation fait figure d'OVNI, et finalement elle illustre et traduit à la perfection le propos !

LuniverTous à Zanzibar a été écrit en 1968 et décrit notre monde actuel (2010), qui se caractérise par une surpopulation généralisée sur toute la planète. Des mesures eugénistes se mettent en place dans les pays développés. Avant d'avoir la permission d'avoir un enfant, les couples doivent faire analyser leur génome : à la moindre suspicion de maladie génétique (schizophrénie, hémophilie, et même daltonisme), la personne a l'interdiction d'avoir une descendance. Les foetus à risque sont avortés. Avoir des enfants est devenu un privilège, mais en avoir plus de deux est très mal perçu. Les couples sans enfant se rassemblent en association pour s'occuper d'un enfant d'une autre famille un jour par semaine.
À cause de la surpopulation, des amocheurs (dérivé du terme « Amok », qui désigne une personne folle qui détruit tout sur son passage) sèment régulièrement la panique dans les grandes villes.
L'histoire se focalise sur deux grands évènements : la société General Technic Corporation s'apprête à acheter un pays africain entier, et planifie son opération grâce à son super-ordinateur Shalmaneser, qui prend toutes les décisions ; à l'autre bout du globe, le Yatakang annonce qu'il est sur le point de créer une génération de surhommes et de pouvoir créer des génies sur commande pour toute sa population, déclaration qui secoue tout le reste de la planète.
La structure du roman est assez particulière. Les chapitres sont regroupés en quatre catégories : le « monde en marche », qui regroupe des courtes phrases saisies au vol dans des conversations ou des émissions de radio, parfois inachevées ; « Jalons et portraits », qui présente des personnages qui n'interviennent pas vraiment dans l'intrigue, mais qui nous permettent de mieux comprendre les évènements ; « Contexte », qui comme son nom l'indique, nous explique ce qui passe au moment du récit ; et « Continuité », l'intrigue proprement dite.

PhilemontTous à Zanzibar est une dystopie. Ecrite en 1966, et publiée en 1968, elle nous projette dans un futur que l'on connaît bien aujourd'hui : l'année 2010. Et dans l'esprit de John Brunner ce futur c'est celui de la surpopulation, laquelle est illustrée par le fait que si l'on plaçait l'ensemble des êtres humains au coude à coude sur l'île de Zanzibar, ils la recouvriraient en entier. de manière plus pragmatique, cela implique la disparition de toute sphère privée, un contrôle génétique draconien et une anarchie urbaine généralisée.
À New York, Norman, un jeune Afro-Américain, travaille pour la toute-puissante General Technic (GT) dont le superordinateur Shalmaneser organise l'achat pur et simple d'un pays africain. Son compagnon d'appartement, Donald, apparemment un simple étudiant, est en fait recruté par les services secrets qui l'envoient s'emparer de la découverte d'un généticien d'un pays du tiers monde qui ferait de tous les bébés des génies prédéterminés.
Qualifié de non-roman par son auteur, Tous à Zanzibar est une oeuvre dont l'originalité est avant tout à rechercher dans sa technique narrative. le récit est en effet totalement déconstruit, courant sur quatre pistes différentes, imbriquées les unes dans les autres, mais strictement délimitées afin que le lecteur désireux de ne pas lire telle ou telle partie puisse le faire sans inconvénient. En cela, la source d'inspiration revendiquée par John Brunner est John Dos Passos et sa trilogie U.S.A.
Il y a d'abord le Contexte qui, comme le mot l'indique, permet de se faire une idée globale de ce monde de 2010. Il y a ensuite le monde en marche, composé de rapides vignettes, d'instantanés aux phrases parfois inachevées, sur l'époque et les humains qui la vivent. Et puis viennent les Jalons et portraits qui permettent à l'auteur de dresser le portrait détaillé d'êtres vivants divers et variés. Vient enfin la Continuité, laquelle est dédiée à l'intrigue du roman proprement dite, une histoire d'espionnage scientifique.
Cette structure est en outre dotée d'une prose très rythmée et très moderne, John Brunner montrant même une forte propension à l'inventivité en matière de vocabulaire. A ce niveau on peut d'ailleurs saluer la qualité de la traduction française.
Pour toutes ces raisons, Tous à Zanzibar est une oeuvre qui continue de faire date dans la Science Fiction. Néanmoins, il faut reconnaître qu'en tant que roman elle n'est pas particulièrement facile à lire, et que l'intrigue elle-même, si le lecteur ne recherche qu'elle, ne présente que peu d'intérêt, de même que les personnages principaux. C'est donc avec une impression mitigée que l'on referme l'ouvrage.




Article Wikipédia


Tous à Zanzibar (titre original : Stand on Zanzibar) est un roman de science-fiction, écrit en 1968 par l'écrivain britannique John Brunner. L'édition française, dans une traduction de Didier Pemerle, est parue en 1972.

Résumé

En 2010, le nombre d'êtres humains est tel que, s'ils se tenaient au coude à coude sur l'île de Zanzibar, ils la recouvriraient en entier. La surpopulation entraîne la disparition de toute sphère privée, un contrôle génétique draconien et une anarchie urbaine généralisée. La pollution fait qu'à New York, des distributeurs d'oxygène sont à la disposition de ceux qui ont besoin de faire le plein avant de traverser les rues. La consommation de tranquillisants, pour limiter les nécessaires tensions sociales dues à la promiscuité et les velléités révolutionnaires, s'est généralisée.

Les radiations ont entrainé l'augmentation du taux des maladies héréditaires à un tel point que des mesures draconiennes sont prises : les individus porteurs sont automatiquement stérilisés et seuls se reproduisent ceux qui ont des caryotypes sains. L'eugénisme est développé. Évidemment, la liberté individuelle est résolument refusée.

À New York, Norman, un jeune Afro-Américain, travaille pour la toute-puissante General Technic Corporation dont le superordinateur Shalmaneser organise l'achat pur et simple d'un pays africain. Son compagnon d'appartement, Donald, apparemment un simple étudiant, est en fait recruté par les services secrets qui l'envoient s'emparer de la découverte d'un généticien d'un pays du tiers monde qui ferait de tous les nouveau-nés des génies prédéterminés.

Commentaire

À l'origine, John Brunner avait écrit un très court récit paru en 1967 et qu'il reprit et amplifia jusqu'à en faire un livre trois fois plus long qu'un roman normal. C'est en effet un livre-monde, qualifié de non-roman par son auteur. Le récit traditionnel est déconstruit, car la narration court sur quatre pistes différentes, imbriquées les unes dans les autres, mais séparées au sommaire afin que des lecteurs désireux de ne pas lire telle ou telle partie puissent le faire sans inconvénient. Cette écriture se rapproche de celle d'un John Dos Passos dans la trilogie U.S.A..

D'abord le contexte qui, comme le mot l'indique, permet de se faire une idée de ce monde de 2010. Puis le monde en marche, composé de très rapides vignettes, des instantanés aux phrases parfois inachevées, sur l'époque, qui ne permettent pas non plus d'en avoir une vision d'ensemble, mais de le regarder par le petit bout de la lorgnette comme les gens qui y vivent. Ensuite, jalons et portraits où, cette fois, l'auteur nous présente des êtres vivants, ne faisant généralement pas partie de l'intrigue, mais habitant ce monde et le vivant au sens le plus quotidien du terme. Enfin, la continuité raconte l'histoire proprement dite de Stand on Zanzibar. Pour rendre la panique qui s'empare de cette humanité, John Brunner a une langue exubérante, déploie une remarquable invention dans le langage, fort bien rendue par le traducteur français.

Le procédé narratif est annoncé d'emblée dans le court chapitre intitulé "Contexte 0" servant d'exergue au roman, citation d'une page de "La Galaxie Gutenberg" du sociologue et théoricien des médias Marshall McLuhan. Cette page décrit la méthode d'Innis et selon cette méthode, le roman qui suit est une mosaïque, une configuration ou une galaxie destinée à éclairer le monde futur imaginé par l'auteur.

C'est une œuvre maîtresse. On peut considérer qu'avec les œuvres de Philip K. Dick, c'est l'un des fondements du cyberpunk. L'univers de Stand on Zanzibar avait tellement marqué John Brunner qu'il écrivit un second roman se déroulant dans le même cadre, L'Orbite déchiquetée (The Jagged Orbit1969).

Prix littéraires

Tous à Zanzibar de John Brunner a reçu le prix Hugo du meilleur roman de science-fiction 1969, le prix British Science Fiction du meilleur roman 1969 et le prix Apollo 1973.

Prédictions historiques

L'action du livre, située en 2010, narre maints aspects du monde futur qui correspondent étrangement à des évolutions bien réelles de notre monde actuel, ce qui a conduit à de récentes discussions sur internet suggérant que ce livre de 1968 serait « davantage prophétique que de la science-fiction » :

  • La société est minée par les actes de violences commis par des déséquilibrés, souvent à l'intérieur d'écoles.
  • L'autre grande source d'instabilité et de violence vient des terroristes, qui menacent les intérêts des États-Unis et parviennent à s'en prendre à des gratte-ciels sur le sol américain.
  • Les prix ont été multipliés par six entre 1960 et 2010 en raison de l'inflation (l'augmentation réelle des prix aux États-Unis pendant cette période a été multipliée par sept, mais Brunner n'était pas loin).
  • Les États-Unis ne sont désormais plus en rivalité avec l'Union soviétique mais avec la Chine, et leur affrontement se situe plus sur l'économie, le commerce et la technologie que sur le plan militaire.
  • Les Européens ont formé une union de nations pour améliorer leurs perspectives économiques et leur influence sur le monde des affaires. Sur les questions internationales, la Grande-Bretagne tend à se rallier aux États-Unis, alors que les autres pays d'Europe sont souvent critiques à l'égard des initiatives américaines.
  • L’Afrique demeure loin derrière les autres continents sur le plan du développement, tandis qu'Israël reste le centre des tensions du Moyen-Orient.
  • Les modes de vie des homosexuels et des bisexuels se sont généralisés.
  • Un médicament pour améliorer les performances sexuelles a été mis sur le marché, ses publicités sont diffusées sur les médias et il est devenu largement utilisé.
  • Le mariage est en déclin, et la jeune génération préfère les relations de courte durée sans engagement officiel.
  • Plusieurs décennies de discrimination positive ont permis aux Noirs d'accéder à des postes de pouvoir, mais des tensions racistes continuent de couver dans la société.
  • Les véhicules à moteur fonctionnent de plus en plus à l'aide de piles à combustible électriques. Honda (principalement connu comme fabricant de motos lorsque Brunner a écrit son livre) est un constructeur important, avec General Motors.
  • Pourtant, Detroit n'a pas prospéré, et est quasiment une ville fantôme avec toutes les usines fermées. Cependant, un nouveau type de musique — avec une étrange ressemblance avec le mouvement techno actuel de Detroit des années 1990 — a vu le jour dans la ville.
  • Les chaînes d'informations télévisées sont devenues mondiales grâce au satellite, et il est possible de regarder une émission en différé.
  • Les sièges d'avion sont équipés d'écrans de télévisions sur lesquels les passagers peuvent visionner les nouvelles ou des vidéos.
  • Les documents informatiques sont générés par des imprimantes laser.
  • La cigarette a été socialement et politiquement marginalisée, tandis que la marijuana a été dépénalisée.
  • Des entreprises privées proposent aux particuliers des services de recherches généalogiques, via séquençage génétique