Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.
Pas un Orni ne passe en fouettant de son aile
L'air épais, où circule un immense soleil.
Parfois quelque Faiseur chauffé dans son sommeil,
Fait onduler sa queue dont l'écaille étincelle.
Tel l'espace enflammé brûle sous les cieux clairs.
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les Vers géants rugueux, voyageurs vifs et rudes
Se glissent sous le sol à travers les déserts.
D'un point de l'horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur ventre annelé crouler au loin les dunes.
Aussi, sans souci du temps et du vent, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité ;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent.
Leconte de Lisle, Poésies nouvelles, 1855
(repris dans Poèmes barbares, 1862)
Le Dune de
Lynch de 1984 trouve peu de défenseurs et même son réalisateur l'a
renié. Pourtant, en dehors de quelques caricatures cauchemardesques de
Harkonnen, les sourcils ridicules des Mentats ou la scène où il pleut à
la fin, je le trouve plutôt réussi (même si je pense préférer encore la
mini-série). Et je crois que je retiens plus Brian Eno que le Hans
Zimmer de la version de Villeneuve.
J'aime bien le sublime des Grands Monolithes flottants et immobiles de Villeneuve (surtout dans Arrival) mais en dehors de cette ombre du divin dans cette froide architecture totalitaire, je ne vois pas bien ce que j'en tire.
La
différence principale de cette version est d'insister sur la
transformation et la trahison de Paul et sur le scepticisme croissant de
Chani malgré son amour. Irulan et Jessica sont plus actives (Villeneuve
a dit qu'une de ses idées était de faire une adaptation plus centrée
sur les Bene Gesserit et de réduire la place des Mentats). Le film
développe aussi le personnage assez secondaire de Margot Fenrig (la Bene
Gesserit envoyée pour séduire Feyd - qui a pris plus d'importance dans Paul of Dune, un des sequels de Brian Herbert qui se passe entre Dune et Messiah of Dune). En revanche, Alia au Couteau, la soeur du Prophète, devra attendre le Messie car elle n'est toujours pas née dans
cette version. Le fait d'avoir développé la Princesse Irulan rend ce
pauvre Empereur encore plus inexistant en marionnette des Bene Gesserit.
La Guilde est absente et on ne revoit jamais ce pauvre Mentat Assassin
Thufir Hawat (Stephen Henderson) qui est complètement coupé au montage
et oublié.
Le rythme me paraît très
discutable. La bataille de chute des Atréides dans le premier volet
était épique mais la bataille finale de chute des Harkonnens est bâclée
très rapidement. Les Sardaukars se rendent immédiatement ou sont
massacrés hors champ. L'arc de Paul est trop abrupt, il change quasiment
immédiatement de son refus d'être le Messie à une volonté froide de
vengeance et de pouvoir après avoir retrouvé Gurney Halleck comme figure
paternelle en plus de Stilgar. L'ambiguïté de Paul est certes bien
mieux rendue que dans le film de 1984.









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