mercredi 28 décembre 2022

Tous à Zanzibar (prix Hugo 1969)



 Résumé
:

New York au XXIe siècle, mais ce pourrait être Londres, Paris, Montréal…

Une ville tout entière protégée par un dôme, mais parcourue de saboteurs qui détruisent et tuent pour le plaisir ; une ville régie par la technologie la plus raffinée, mais où l'émeute peut éclater à chaque détour de rue ; où la loi vous interdit de procréer si vous présentez la moindre tare, mais qu'est-ce qu'une tare ? Pour le savoir, pour tout savoir, soyez à l'écoute de Shalmaneser, l'oracle électronique !

C'est dans ce monde que tentent de vivre, liés par une amitié menacée, Donald Rogan, le Blanc, et Norman House, l'Aframéricain. Deux hommes lucides, qui se veulent encore libres. A moins que conditionnés, manipulés, ils ne soient plus déjà que des pions que l'on déplace sur l'échiquier d'une conspiration planétaire…


Avis de lecteurs


Osmanthe : Voici une oeuvre choc de la SF ! Sorti en 1968, ce gros roman relu de nos jours s'avère visionnaire, la réalité ayant largement rejoint cette formidable fiction sous bien des aspects.
Jugeons plutôt, la revue de détail est éloquente, et même sidérante !
vers 2010, les villes sur Terre sont surpeuplées, des gens dorment dans la rue, où des "amocheurs" font régulièrement des raids mortels.
L'espionnage industriel et le sabotage font rage.
La science a fait des progrès importants, on peut désormais vivre avec des organes artificiels. On se bourre de drogues et médicaments. La législation eugénique interdit de procréer à ceux qui présentent la moindre anomalie génétique, et on tolère très mal les couples ayant plus de 2 enfants.
La publicité TV aliène l'individu.
Les baleines ont disparu, l'eau est rare et chère.
Certes, les automobiles et leur lot d'embouteillages monstres ont disparu aussi (mince, la seule bonne nouvelle n'a même pas eu lieu !)
Les inégalités de richesse entre pays sont très fortes, dans un monde bipolaire dominé par l'affrontement capitalisme/maoïsme chinois...tandis que le Yatakang, nouvelle puissance économique d'Asie du Sud-est décolle !
Economie nationalisée, aux mains de quelques Etats et multinationales comme la General Technics, gardienne du fantastique ordinateur Shalmaneser qui filtre l'information, et, qui sait, a peut-être une conscience ?
Pour le sociologue Chad Mulligan, il y a urgence : ce monde chaotique et dangereux est "délinquescent"...mais est-il encore temps d'agir dans ce tourbillon ? Peut-on encore vivre comme les hommes du continent africain ? L'énorme retard technologique et la misère de ses habitants sont peut-être le double prix à payer pour rester libre et maître de son destin, donc finalement heureux, face à un monde artificiel et cybernétique ?
Personnellement, une des plus belles oeuvres de SF jamais lues, la vraie SF traditionnelle comme elle n'existe pratiquement plus, emportée par les cycles fantasystes qui ont suivi, et peut-être par ce qu'on appelle le "progrès" qui a souvent dépassé la fiction.
Et c'est aussi un choc stylistique, le procédé d'écriture est déroutant, percutant, au départ la présentation fait figure d'OVNI, et finalement elle illustre et traduit à la perfection le propos !

LuniverTous à Zanzibar a été écrit en 1968 et décrit notre monde actuel (2010), qui se caractérise par une surpopulation généralisée sur toute la planète. Des mesures eugénistes se mettent en place dans les pays développés. Avant d'avoir la permission d'avoir un enfant, les couples doivent faire analyser leur génome : à la moindre suspicion de maladie génétique (schizophrénie, hémophilie, et même daltonisme), la personne a l'interdiction d'avoir une descendance. Les foetus à risque sont avortés. Avoir des enfants est devenu un privilège, mais en avoir plus de deux est très mal perçu. Les couples sans enfant se rassemblent en association pour s'occuper d'un enfant d'une autre famille un jour par semaine.
À cause de la surpopulation, des amocheurs (dérivé du terme « Amok », qui désigne une personne folle qui détruit tout sur son passage) sèment régulièrement la panique dans les grandes villes.
L'histoire se focalise sur deux grands évènements : la société General Technic Corporation s'apprête à acheter un pays africain entier, et planifie son opération grâce à son super-ordinateur Shalmaneser, qui prend toutes les décisions ; à l'autre bout du globe, le Yatakang annonce qu'il est sur le point de créer une génération de surhommes et de pouvoir créer des génies sur commande pour toute sa population, déclaration qui secoue tout le reste de la planète.
La structure du roman est assez particulière. Les chapitres sont regroupés en quatre catégories : le « monde en marche », qui regroupe des courtes phrases saisies au vol dans des conversations ou des émissions de radio, parfois inachevées ; « Jalons et portraits », qui présente des personnages qui n'interviennent pas vraiment dans l'intrigue, mais qui nous permettent de mieux comprendre les évènements ; « Contexte », qui comme son nom l'indique, nous explique ce qui passe au moment du récit ; et « Continuité », l'intrigue proprement dite.

PhilemontTous à Zanzibar est une dystopie. Ecrite en 1966, et publiée en 1968, elle nous projette dans un futur que l'on connaît bien aujourd'hui : l'année 2010. Et dans l'esprit de John Brunner ce futur c'est celui de la surpopulation, laquelle est illustrée par le fait que si l'on plaçait l'ensemble des êtres humains au coude à coude sur l'île de Zanzibar, ils la recouvriraient en entier. de manière plus pragmatique, cela implique la disparition de toute sphère privée, un contrôle génétique draconien et une anarchie urbaine généralisée.
À New York, Norman, un jeune Afro-Américain, travaille pour la toute-puissante General Technic (GT) dont le superordinateur Shalmaneser organise l'achat pur et simple d'un pays africain. Son compagnon d'appartement, Donald, apparemment un simple étudiant, est en fait recruté par les services secrets qui l'envoient s'emparer de la découverte d'un généticien d'un pays du tiers monde qui ferait de tous les bébés des génies prédéterminés.
Qualifié de non-roman par son auteur, Tous à Zanzibar est une oeuvre dont l'originalité est avant tout à rechercher dans sa technique narrative. le récit est en effet totalement déconstruit, courant sur quatre pistes différentes, imbriquées les unes dans les autres, mais strictement délimitées afin que le lecteur désireux de ne pas lire telle ou telle partie puisse le faire sans inconvénient. En cela, la source d'inspiration revendiquée par John Brunner est John Dos Passos et sa trilogie U.S.A.
Il y a d'abord le Contexte qui, comme le mot l'indique, permet de se faire une idée globale de ce monde de 2010. Il y a ensuite le monde en marche, composé de rapides vignettes, d'instantanés aux phrases parfois inachevées, sur l'époque et les humains qui la vivent. Et puis viennent les Jalons et portraits qui permettent à l'auteur de dresser le portrait détaillé d'êtres vivants divers et variés. Vient enfin la Continuité, laquelle est dédiée à l'intrigue du roman proprement dite, une histoire d'espionnage scientifique.
Cette structure est en outre dotée d'une prose très rythmée et très moderne, John Brunner montrant même une forte propension à l'inventivité en matière de vocabulaire. A ce niveau on peut d'ailleurs saluer la qualité de la traduction française.
Pour toutes ces raisons, Tous à Zanzibar est une oeuvre qui continue de faire date dans la Science Fiction. Néanmoins, il faut reconnaître qu'en tant que roman elle n'est pas particulièrement facile à lire, et que l'intrigue elle-même, si le lecteur ne recherche qu'elle, ne présente que peu d'intérêt, de même que les personnages principaux. C'est donc avec une impression mitigée que l'on referme l'ouvrage.




Article Wikipédia


Tous à Zanzibar (titre original : Stand on Zanzibar) est un roman de science-fiction, écrit en 1968 par l'écrivain britannique John Brunner. L'édition française, dans une traduction de Didier Pemerle, est parue en 1972.

Résumé

En 2010, le nombre d'êtres humains est tel que, s'ils se tenaient au coude à coude sur l'île de Zanzibar, ils la recouvriraient en entier. La surpopulation entraîne la disparition de toute sphère privée, un contrôle génétique draconien et une anarchie urbaine généralisée. La pollution fait qu'à New York, des distributeurs d'oxygène sont à la disposition de ceux qui ont besoin de faire le plein avant de traverser les rues. La consommation de tranquillisants, pour limiter les nécessaires tensions sociales dues à la promiscuité et les velléités révolutionnaires, s'est généralisée.

Les radiations ont entrainé l'augmentation du taux des maladies héréditaires à un tel point que des mesures draconiennes sont prises : les individus porteurs sont automatiquement stérilisés et seuls se reproduisent ceux qui ont des caryotypes sains. L'eugénisme est développé. Évidemment, la liberté individuelle est résolument refusée.

À New York, Norman, un jeune Afro-Américain, travaille pour la toute-puissante General Technic Corporation dont le superordinateur Shalmaneser organise l'achat pur et simple d'un pays africain. Son compagnon d'appartement, Donald, apparemment un simple étudiant, est en fait recruté par les services secrets qui l'envoient s'emparer de la découverte d'un généticien d'un pays du tiers monde qui ferait de tous les nouveau-nés des génies prédéterminés.

Commentaire

À l'origine, John Brunner avait écrit un très court récit paru en 1967 et qu'il reprit et amplifia jusqu'à en faire un livre trois fois plus long qu'un roman normal. C'est en effet un livre-monde, qualifié de non-roman par son auteur. Le récit traditionnel est déconstruit, car la narration court sur quatre pistes différentes, imbriquées les unes dans les autres, mais séparées au sommaire afin que des lecteurs désireux de ne pas lire telle ou telle partie puissent le faire sans inconvénient. Cette écriture se rapproche de celle d'un John Dos Passos dans la trilogie U.S.A..

D'abord le contexte qui, comme le mot l'indique, permet de se faire une idée de ce monde de 2010. Puis le monde en marche, composé de très rapides vignettes, des instantanés aux phrases parfois inachevées, sur l'époque, qui ne permettent pas non plus d'en avoir une vision d'ensemble, mais de le regarder par le petit bout de la lorgnette comme les gens qui y vivent. Ensuite, jalons et portraits où, cette fois, l'auteur nous présente des êtres vivants, ne faisant généralement pas partie de l'intrigue, mais habitant ce monde et le vivant au sens le plus quotidien du terme. Enfin, la continuité raconte l'histoire proprement dite de Stand on Zanzibar. Pour rendre la panique qui s'empare de cette humanité, John Brunner a une langue exubérante, déploie une remarquable invention dans le langage, fort bien rendue par le traducteur français.

Le procédé narratif est annoncé d'emblée dans le court chapitre intitulé "Contexte 0" servant d'exergue au roman, citation d'une page de "La Galaxie Gutenberg" du sociologue et théoricien des médias Marshall McLuhan. Cette page décrit la méthode d'Innis et selon cette méthode, le roman qui suit est une mosaïque, une configuration ou une galaxie destinée à éclairer le monde futur imaginé par l'auteur.

C'est une œuvre maîtresse. On peut considérer qu'avec les œuvres de Philip K. Dick, c'est l'un des fondements du cyberpunk. L'univers de Stand on Zanzibar avait tellement marqué John Brunner qu'il écrivit un second roman se déroulant dans le même cadre, L'Orbite déchiquetée (The Jagged Orbit1969).

Prix littéraires

Tous à Zanzibar de John Brunner a reçu le prix Hugo du meilleur roman de science-fiction 1969, le prix British Science Fiction du meilleur roman 1969 et le prix Apollo 1973.

Prédictions historiques

L'action du livre, située en 2010, narre maints aspects du monde futur qui correspondent étrangement à des évolutions bien réelles de notre monde actuel, ce qui a conduit à de récentes discussions sur internet suggérant que ce livre de 1968 serait « davantage prophétique que de la science-fiction » :

  • La société est minée par les actes de violences commis par des déséquilibrés, souvent à l'intérieur d'écoles.
  • L'autre grande source d'instabilité et de violence vient des terroristes, qui menacent les intérêts des États-Unis et parviennent à s'en prendre à des gratte-ciels sur le sol américain.
  • Les prix ont été multipliés par six entre 1960 et 2010 en raison de l'inflation (l'augmentation réelle des prix aux États-Unis pendant cette période a été multipliée par sept, mais Brunner n'était pas loin).
  • Les États-Unis ne sont désormais plus en rivalité avec l'Union soviétique mais avec la Chine, et leur affrontement se situe plus sur l'économie, le commerce et la technologie que sur le plan militaire.
  • Les Européens ont formé une union de nations pour améliorer leurs perspectives économiques et leur influence sur le monde des affaires. Sur les questions internationales, la Grande-Bretagne tend à se rallier aux États-Unis, alors que les autres pays d'Europe sont souvent critiques à l'égard des initiatives américaines.
  • L’Afrique demeure loin derrière les autres continents sur le plan du développement, tandis qu'Israël reste le centre des tensions du Moyen-Orient.
  • Les modes de vie des homosexuels et des bisexuels se sont généralisés.
  • Un médicament pour améliorer les performances sexuelles a été mis sur le marché, ses publicités sont diffusées sur les médias et il est devenu largement utilisé.
  • Le mariage est en déclin, et la jeune génération préfère les relations de courte durée sans engagement officiel.
  • Plusieurs décennies de discrimination positive ont permis aux Noirs d'accéder à des postes de pouvoir, mais des tensions racistes continuent de couver dans la société.
  • Les véhicules à moteur fonctionnent de plus en plus à l'aide de piles à combustible électriques. Honda (principalement connu comme fabricant de motos lorsque Brunner a écrit son livre) est un constructeur important, avec General Motors.
  • Pourtant, Detroit n'a pas prospéré, et est quasiment une ville fantôme avec toutes les usines fermées. Cependant, un nouveau type de musique — avec une étrange ressemblance avec le mouvement techno actuel de Detroit des années 1990 — a vu le jour dans la ville.
  • Les chaînes d'informations télévisées sont devenues mondiales grâce au satellite, et il est possible de regarder une émission en différé.
  • Les sièges d'avion sont équipés d'écrans de télévisions sur lesquels les passagers peuvent visionner les nouvelles ou des vidéos.
  • Les documents informatiques sont générés par des imprimantes laser.
  • La cigarette a été socialement et politiquement marginalisée, tandis que la marijuana a été dépénalisée.
  • Des entreprises privées proposent aux particuliers des services de recherches généalogiques, via séquençage génétique

1 commentaire:

Je a dit…

Le Ginkgo, arbre aux quarante écus, arbre aux abricots d'argent (Ginkgo biloba L., 1771) (银杏 yínxìng en chinois) est une espèce d'arbres et la seule représentante actuelle de la famille des Ginkgoaceae. C'est aussi la seule espèce actuelle de la division des Ginkgophyta.
Le ginkgo est un arbre dioïque dont les individus mâles portent des bouquets de cônes de pollen semblables à des chatons et dont les individus femelles possèdent de longs pédoncules portant à leur extrémité un ovule, nu (sans être enveloppé dans un ovaire), sans pétales.
En Chine, certains spécimens de cet arbre auraient une durée de vie excédant les 3 000 ans et plus de 100 individus auraient plus de 1 000 ans.
Les Ginkgoales sont apparues au Permien il y a plus de 270 millions d'années et ont prospéré dans le monde entier jusqu’au Mésozoïque, en particulier au Jurassique. Mais à la période des glaciations quaternaires, la seule espèce du phylum à subsister est Ginkgo biloba qui ne survécut que dans quelques rares refuges au climat plus doux du Sud de la Chine. Elle est considérée comme une espèce panchronique. Ces derniers milliers d’années, elle fut cultivée pour son intérêt ornemental et fut transférée au Japon et en Corée aux alentours du XIIe siècle.
En Chine, les anciens ouvrages de pharmacopée l’ignorent puisque son utilisation médicinale n’a vraiment commencé qu’après la publication en 1596 du « Compendium de matière médicale » de Li Shizhen. En Asie orientale, seules les amandes de ginkgo furent utilisées en médecine et en cuisine. Mais alors qu’elles sont principalement employées pour traiter diverses affections des voies respiratoires et pulmonaires en Chine, elles sont mobilisées pour régler les problèmes de digestion au Japon, et dans les années 2000, ce fut le déclin cognitif et l’altération de la mémoire des sujets âgés qui assurèrent le succès des extraits de ginkgo en Occident.
L’Europe a découvert le ginkgo grâce à Engelbert Kaempfer, un médecin botaniste allemand, au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales qui séjourna au Japon de 1690 à 1692 et qui en fit la première description dans Amœnitatum exoticarum, en 1712. Il rapporta les premiers spécimens de ginkgo en Europe qui furent plantés à Utrecht dans les actuels Pays-Bas en 1730, puis l'espèce fut dispersée peu à peu dans les grands jardins botaniques d'Europe durant le reste du siècle. Particulièrement appréciée pour son superbe feuillage jaune vif à l'automne, l'espèce est cultivée partout dans le monde à partir du XIXe siècle.
En Occident, le ginkgo qui fascinait par toutes ses caractéristiques prodigieuses connut un engouement fabuleux pour les promesses de ses bénéfices thérapeutiques potentiels à la fin du XXe siècle. Selon une enquête menée en 2007 sur les herbes médicinales, le ginkgo et le ginseng étaient les plus populaires au monde.
Quelques propriétés pharmacologiques intéressantes de l’extrait de ginkgo suscitèrent la production de centaine de publications, revues et ouvrages de recherche, qui après bien des efforts, finirent par tempérer passablement l’enthousiasme initial.