Somewhere on the outer rim of the universe, a mass of decaying world-ships known as the Legion is traveling in the seams between the stars. For generations, a war for control of the Legion has been waged, with no clear resolution. As worlds continue to die, a desperate plan is put into motion.
Zan wakes with no memory, prisoner of a people who say they are her family. She is told she is their salvation - the only person capable of boarding the Mokshi, a world-ship with the power to leave the Legion. But Zan's new family is not the only one desperate to gain control of the prized ship. Zan finds that she must choose sides in a genocidal campaign that will take her from the edges of the Legion's gravity well to the very belly of the world.
Zan will soon learn that she carries the seeds of the Legion's destruction - and its possible salvation. But can she and her ragtag band of followers survive the horrors of the Legion and its people long enough to deliver it?
In the tradition of The Fall of Hyperion and Dune, The Stars are Legion is an epic and thrilling tale about tragic love, revenge, and war as imagined by one of the genre's most celebrated new writers.
-----
Où : Quelque part dans l'espace. Quand : Va savoir.
La Légion est une flotte de vaisseaux orbitant autour d'un soleil artificiel central. La Légion est en route. Pour où, nul ne le sait. Même ceux qui y vivent ont oublié sa naissance, son origine, et sa destination. La Légion est, pour eux, l'univers, comme la Terre l'est pour nous.
Le roman commence alors que Zan se réveille sur le Katazyrna. Elle a été blessée en tentant de prendre d'assaut le Mokshi, un vaisseau voisin, et elle est amnésique. Autour d'elle, des femmes qu'elle ne reconnaît qu'en partie – Jayd notamment, dont Zan comprend à quel point elle est importante pour elle sans toutefois savoir vraiment pourquoi –, qui lui disent être ses sœurs, qui l'informent de la nécessité de reprendre, et de réussir cette fois, sa mission d'assaut pour espérer retrouver la mémoire. L'amnésique Zan, obligée de faire confiance en dépit de ses doutes, se lance alors dans une quête pour recouvrer son identité et son histoire qui s'avère rapidement être imbriquée dans un plan bien plus vaste pour « sauver » le monde, et qui l'entraînera au cœur des ténèbres.
Avec "The Stars are Legion", Kameron Hurley offre un roman SF stand-alone. Un roman SF peuplé seulement de femmes. Un roman SF d'une originalité folle. Un roman SF qui peut ravir des lecteurs de fantasy.
Le world building est impressionnant. Sans grand souci de plausibilité scientifique, Hurley crée un monde résolument différent des standards de la SF. Les vaisseaux et les équipements de la Légion sont organiques. On n'y trouve que peu de métal. En revanche, les cloisons sont de peau, des artères les parcourent, le sol est plus ou moins stable suivant les endroits. L'équipement aussi est biologique. Combinaisons spatiales en pulvérisation, navettes vivantes, projectiles céphalopodes, et partout des insectes, des lichens, des bactéries, qui éclairent, rampent, ou tombent en pluie. L'intérieur des vaisseaux évoque l'intérieur d'un corps, habité par un microbiote dont les femmes sentientes ne seraient que la partie la plus évoluée. Ca vit, ça respire, ça bouge, ça suinte, ça se coupe et ça cicatrise.
A l'intérieur des femmes aussi – effet fractal – ça bouge et ça vit ; nous y reviendrons.
Et à l'intérieur des vaisseaux, dans les niveaux en-dessous, ceux vers lesquels on est jeté pour être recyclé, il y a d'innombrables écosystèmes cachés, plus étranges les uns que les autres. Les dominants du haut – du bord de la peau et de l'extérieur – ne les connaissent pas, mais quantité de choses s'y produiront, dans un décor qui évoque une fantasy teintée de monomythe.
Vivants, les vaisseaux évoluent, vieillissent et meurent. Ceci a plusieurs conséquences.
D'abord, les vaisseaux arches qui forment la Légion doivent tout recycler. Matériel et femmes sont jetés dans le puits de recyclage dès qu'ils cessent d'être fonctionnels – pour ce qui est des femmes ça peut aussi servir à sanctionner ou à exterminer des prisonniers ou des mutants. Les matériaux de base récupérés servent ensuite au vaisseau pour régénérer sa structure ou comme source de protéine alimentaire.
Ensuite, il revient aux femmes de créer ce dont les vaisseaux manquent. Enfants, pièces organiques, « monde » même – plus ou moins l'IA principale.
Mais l'économie circulaire du recyclage n'est jamais parfaite et la fertilité des femmes subit les effets d'éternités d'espace.
Alors, l'entropie gagne, les vaisseaux sont vieillissants, déliquescents, leur fin est proche, et avec la leur celles de tous leurs passagers. Il faut donc piller, voler aux vaisseaux voisins ce qu'on n'a plus en quantité suffisante, ressources, matériel, femmes vivantes, femmes réserves de protéines, ou femmes porteuses du bon utérus – car c'est le vaisseau qui décide ce que dont la femme est grosse, jamais elle-même.
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre les tentatives pour aborder et piller le Mokshi, ainsi que la guerre à mort qui oppose les Katazyrna aux proches Bhavajas. Razzier pour survivre encore un peu, tuer pour gagner un supplément de vie. Tellement banal. À moins qu'un autre solution existe, innovante, qui rompe le cercle de la prédation.
C'est dans la quête d'une telle solution que sont lancées Zan et Jayd, narrant chacune en alternance à la première personne. C'est dans cette quête que Zan a souffert jusqu'à perdre sa mémoire. C'est cette quête qui entraînera Jayd vers l'extérieur du monde, et Zan vers l'intérieur – à tous les sens du terme –, descendant aux Enfers puis en revenant telle une héroïne antique.
"The Stars are Legion" est la description minutieuse de ce monde inédit et de cette quête salvatrice vers la mémoire, pour la survie, en vue du changement. Un cheminement existentialiste vers une identité à construire plutôt qu'à retrouver.
C'est aussi l'histoire de la relation trouble, teintée d'amour et de méfiance, qui unit Zan et Jayd.
C'est encore celle de la décrépitude des vaisseaux et d'une volonté farouche de tout reconstruire loin des règles enkystées par le temps, quoiqu'il faille sacrifier pour cela.
On y découvre une intrigue complexe qui s’éclaire progressivement, on y croise de beaux personnages et de beaux sentiments. On y réfléchit sur le sens de la maternité, pouvoir créateur enivrant autant qu'horreur parasitique. On y redécouvre une vérité anthropologique qui explique en partie la domination masculine : les femmes, et singulièrement leurs utérus, sont la ressource unique – donc convoitée et négociable – qui assure la pérennité de toute société ; ici pas d'homme, pas de domination masculine donc, mais qu'importe, la ressource n'en a pas moins son caractère vital.
Je pourrais continuer longtemps mais j'en ai déjà trop dit. Guerre, complot, mensonges, cruauté, trahisons, exploration, amitié, courage, sacrifice, le tout dans une SF qui évoque furieusement la dark/gothic fantasy, des explications qui arrivent, une fin qui tient debout, que demander de plus ?
The Stars are Legion, Kameron Hurley
Source : https://www.quoideneufsurmapile.com/2017/07/the-stars-are-legion-kameron-hurley.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire