Tous les champignons vrais appartiennent au groupe des Eumycètes et se répartissent au sein des Basidiomycètes, comme les amanites ou, pour quelques-uns, parmi les Ascomycètes, à l'exemple des morilles ou des truffes. Deux groupes sont communément appelés « champignons » mais n'en sont pas au sens strict du terme : les oomycètes (plus proches génétiquement des algues brunes) et les myxomycètes.
Apparus vers 450 millions d'années au Silurien, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques (en eaux douce, saumâtre et même marine (1500 espèces au moins, qui ont un rôle écologique important ; via des symbioses avec des algues parfois).
Les premiers champignons mycorhiziens de type gloméromycètes ont vraisemblablement aidé les premières plantes terrestres à coloniser les terres émergées.
Ce qu'on appelle couramment champignon n'est en fait que la « fructification » temporaire et visible, le sporophore (autrefois appelé carpophore), d'un organisme à caractère plus durable et plus discret, le macromycète, dont la structure habituellement filamenteuse constitue le mycélium, dont les filaments isolés sont généralement invisibles à l’œil nu. Le sporophore se présente souvent sous forme d'un pied (le stipe) portant un chapeau. D'autres silhouettes de sporophores sont bien connues : en forme de petits buissons comme les clavaires, de langues sur le tronc des arbres comme les fistulines, de coupes comme les pézizes, de sphères comme les vesses-de-loup, etc.
Classifications
La classification des champignons relève de la mycologie. Elle évolue, notamment en raison des progrès de la génétique, y compris pour des organismes symbiotes (ex. : les lichens ont un temps été classés hors du monde fongique, et y ont récemment été réintroduits). Les listes et classifications sont donc régulièrement mises à jour. Deux classifications sont actuellement proposées: la classification classique et la classification phylogénétique.Les champignons ont été considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des végétaux, en raison de leur immobilité et de la présence d'une paroi cellulaire épaissie, végétaux dits « cryptogames » car ne produisant pas de fleurs.
Mais les champignons constituent un règne à part car ils se différencient des plantes et des algues par plusieurs caractères :
- Ils sont hétérotrophes vis-à-vis du carbone : leur incapacité à synthétiser des sucres à partir de simples ressources minérales les distingue fortement des végétaux qui eux sont autotrophes grâce à la chlorophylle et à la photosynthèse. Les champignons doivent extraire de leur environnement des composés organiques déjà constitués. Ils doivent « s'alimenter » comme le font les animaux, ce qu'ils font soit en décomposant de la matière morte (ils sont alors saprophytes), soit au détriment d'organismes vivants (ils sont alors parasites), soit en s'associant avec un organisme chlorophyllien (ils sont alors symbiotiques) ; Plusieurs de ces stratégies pouvant être combinées chez certaines espèces. Les recherches récentes sur l'évolution des espèces vivantes placent d'ailleurs la plupart des champignons plus près des animaux que des végétaux.
- Ils sont absorbotrophes ;
- Leur appareil végétatif est ramifié, diffus et tubulaire ;
- Ils se reproduisent via des spores ;
- Leur paroi cellulaire est chitineuse (comme l'exosquelette des arthropodes et des crustacés, ce qui est un exemple de convergence évolutive).
L'usage du mot champignon s'est alors étendu dans le langage commun à des formes biologiques très diverses. Ainsi le terme de champignon est utilisé parfois extensivement pour désigner aussi bien des agents responsables de dermatophytoses (types d'affections rencontrées fréquemment sous les ongles des pieds), les feutrages des oïdiums qui parasitent le feuillage des végétaux, l'ergot de seigle, des plasmodes coloniaux comme les fleurs de tan, les Penicillium du fromage de Roquefort, etc. À l'analyse, il s'avère que certains de ces « champignons inférieurs » sont effectivement apparentés de manière très proche aux champignons à sporophores, alors que d'autres appartiennent à des groupes très distants. Les définitions des différents taxons scientifiques ont alors été précisées, mais l'emploi élargi du mot champignon est resté.
Il y a de très nombreuses espèces de champignons, dont épiphytes, endogés ou aquatiques, et il en reste beaucoup à découvrir. Sur les 100 000 espèces de champignons répertoriées en 2015 (sur un nombre total estimé de cinq millions, voire de 10 millions d'espèces), « près de 10 000 produisent des fructifications à l'œil nu, un peu plus de 1 100 sont comestibles et consommés comme aliments, et environ 500 sont utilisés comme remèdes dans la médecine traditionnelle de tous les pays en développement ».
La classification des champignons a été totalement revue :
- le sous-règne des Eumycota rassemble les Ascomycota, les Basidiomycota, les Zygomycota et les Chytridiomycota (les Deuteromycota, un groupe qui rassemblait les champignons sans stade de reproduction sexuelle connue, n'existe plus et ces champignons sont aujourd'hui pour la plupart classés parmi les Ascomycota). Ce sont des opisthokontes, comme les animaux dont ils sont phylogénétiquement les plus proches parents ;
- les Microsporidia sont aussi des opisthokontes mais différentes des Eumycota ;
- les Oomycota (dont le Mildiou), les Labyrinthulomycetes et les Hyphochytriomycetes sont des hétérokontés, plus proches de divers groupes d'unicellulaires et d'algues brunes que des autres champignons ;
- les Mycetozoa (anciennement appelés : Mycétozoaires) sont classés dans les Amoebozoa.
3 commentaires:
Les opisthocontes (Opisthokonta) constituent un groupe d'eucaryotes regroupant des organismes très divers en apparence. Le rapprochement de ces taxons (dont les champignons et les métazoaires ou animaux multicellulaires) est assez récent. Il est fondé sur l'étude de plusieurs gènes analysés séparément, ce qui confère à l'existence des opisthocontes une certaine fiabilité. À partir de cette mise en évidence moléculaire, d'autres synapomorphies sont apparues comme évidentes, confirmant qu'il s'agit bien d'un groupe monophylétique. Les opisthocontes se seraient séparés des autres eucaryotes il y a un milliard d'années.
Caractéristiques
- Tous les membres de ce super-règne dérivent d'un ancêtre eucaryote aquatique capable de se mouvoir à l'aide d'un flagelle. Ce sont de êtres vivants dont les organismes unicellulaires ou les cellules ciliées des organismes pluricellulaires sont propulsées par un flagelle unique, et non tractées (par opposition aux "antérocontes"). Cette caractéristique qu'on retrouve dans les cellules du sperme des animaux et des spores de champignons aquatiques, les Chytridiomycètes, donne son nom au groupe (οπίσθω- opisthō = derrière et κοντός kontós = flagelle). Les flagelles observés au sein d'autres taxons sont toujours situés sur la partie antérieure des cellules.
- Utilisation ancestrale de la chitine comme macromolécule structurale (voir la cuticule des arthropodes et la paroi squelettique des eumycètes).
- Les crêtes mitochondriales sont aplaties (elles sont tubulaires chez les autres eucaryotes).
- Le facteur d'élongation de la traduction eEF1A, qui est une des protéines les plus conservées, possède une insertion de 11 acides aminés mais pas chez les autres eucaryotes.
- La thymidylate synthase et la dihydrofolate réductase sont deux enzymes séparées alors qu'ils sont fusionnés chez tous les autres eucaryotes.
- Ils stockent leurs réserves carbonées sous forme de glycogène.
- Dans la mitochondrie, le codon UGA spécifie tryptophane au lieu de stop.
Les Opisthokonta regroupent deux grandes lignées d'organismes multicellulaires, les champignons (Fungi) et les animaux (Metazoa), mais aussi toute une série de lignées unicellulaires beaucoup moins connues, comme les choanoflagellés (Choanomonada), les Filasterea et les Mesomycetozoa.
Parfois inclus dans le règne des plantes, les champignons sont plus proches des animaux dans la classification phylogénétique actuelle. Ils forment avec eux l'essentiel du super-règne des opistochontes. Plantes et champignons n'ont en commun :
- sur le plan phylogénétique, que le fait d'être des eucaryotes (organismes, unicellulaires ou pluricellulaires, qui se caractérisent par la présence d'un noyau et généralement de mitochondries dans leurs cellules. Il s'oppose aux domaines des Eubacteria et des Archaea.),
- et sur le plan physiologique, que leur immobilité.
Les plantes sont des bicontes, êtres vivants dont les organismes unicellulaires ou les cellules ciliées des organismes pluricellulaires possèdent deux flagelles, tandis que les Mycètes sont unicontes, avec un flagelle unique. Les champignons ont des génomes plus proches des animaux, caractéristique qui se retrouve au niveau moléculaire (ils ont par exemple des parois cellulaires à base de chitine, molécule que l'on retrouve dans la cuticule des Arthropodes) et physiologique (animaux et champignons sont hétérotrophes, devant se nourrir de substances organiques qu'ils trouvent dans le milieu environnant et qui sont fabriquées directement ou indirectement par les végétaux autotrophes ; ils stockent leurs réserves carbonées sous forme de glycogène).
L'infra-règne des Heterokonta est un rang taxinomique d'organismes eucaryotes caractérisés par l'existence, au cours de leur cycle, d'une cellule biflagellée avec deux flagelles différents : un flagelle lisse et un flagelle plumeux à mastigonèmes tubulaires tripartites.
Les Hétérokontes, ou Hétérocontes, ont investi des niches écologiques très variées. Certaines sont des algues et pratiquent la photosynthèse, comme l'embranchement des Ochrophytes. D'autres, comme les Oomycètes, sont des champignons parasites ou saprophytes.
L'infra-règne des Heterokonta ne doit pas être confondu avec l’ancienne classe des Heterokonta ou Heterokontae (Luther 1899) qui désigne principalement les Xanthophyceae actuelles. C’est seulement à partir de 1995, que le terme désigne les Stramenopiles ou Heterokonta Cav.-Sm., 1995.
Dans la classification proposée par Thomas Cavalier-Smith, le taxon des Heterokonta forme un infra-règne dans le règne des Chromista. Ils comprennent trois embranchements :
- Ochrophyta,
- Pseudofungi,
- Bigyra.
Cavalier-Smith (2010 dans son supplément) indique que le taxon des Heterokonta Cavalier-Smith 1986 relève du CINZ (nomenclature zoologique) puisqu'il est majoritairement formé d'organismes qui n'ont traditionnellement pas été étudiés par les botanistes et les phycologues. Seuls les Ochrophytes et les Oomycètes relèvent du CIN (nomenclature botanique).
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