samedi 3 mars 2018

Notes de lecture sur "Spire - Ce qui divise" (tome 2)

La Spire a grandi. La compagnie de transport, créée par des pilotes indépendants, est devenue une multimondiale, aussi implacable que ses concurrentes. En son sein, deux branches s'affrontent pour prendre le contrôle de la compagnie. Les luttes intestines battent leur plein, les décisions contestables se multiplient. Pourtant, dans le Fort – gigantesque château taillé dans un astéroïde où siège la Spire – un rêve demeure vivace chez certains navis : trouver le monde d'origine des Vangk, où auraient été fabriquées les Portes ouvrant sur les étoiles, ce monde mythique qui permettrait à ses découvreurs de s'emparer des secrets quasi divins de l'espèce disparue. Réussiront-ils, là où des myriades d'explorateurs échouent depuis plus de mille ans ? Et son éventuelle découverte ne risque-t-elle pas de conduire l'humanité à sa perte, si elle tombait entre les mains de la faction expansionniste de la Spire ?


page 21 : Terraformation
Les ballons d'ensemencement opèrent sous l'équateur, précisa Hammond.  Ils arrosaient le sol de gouttes de gelée bactérienne, au début. De nos jours, ils répandent surtout des spores de champignons et des moisissures. Ces machins, j'en ai livré des tonnes et je t'assure qu'après, tu as intérêt à désodoriser  tes soutes de fond en comble. Des œufs d'insectes seront dispersés d'ici une dizaine d'années, quand une amorce de terreau aura été créée.  

page 23 : Mission morale des navis à l'époque de la colonisation
Notre rôle est est de permettre à l'humanité d'essaimer sur les mondes légués par les Vangk. Voilà notre titre de gloire. Le reste est de la responsabilité des colons.

page 31 : Neurocommunicateur
Son implant rétinien afficha un appel de Dries. Elle passa en mode communication privée. Son neurocommunicateur décelait ses phrases au moment où sa pensée prenait forme dans son encéphale, et les synthétisait avant qu'elles n'aient été prononcées. La voix de Dries lui parvenait par le même moyen, si bien qu'elle l'entendait comme s'il n'était qu'à quelques mètres.

page 33 : Le taryak
Le taryak n'avait rien à voir avec la biologie humaine. Pourtant, inoculé dans les poumons, il conférait à son porteur la capacité de respirer dans des atmosphères normalement létales. De surcroît, il était possible de créer des souches adaptées à des mélanges gazeux et des pressions spécifiques. Grâce à lui, les colons étaient libres d'aller et venir sans masque à la surface. A la suite de sa découverte, des dizaines de biosphères exotiques avaient été colonisées. Néanmoins le procédé avait été abandonné. Les médias invoquaient un taux de rejet immunitaires assez important; en réalité, les multimondiales voyaient d'un mauvais œil la prolifération de sociétés qui finiraient par en plus échanger avec l'extérieur  pour des raisons physiologiques. Les sites compatibles avec la biologie humaine étaient assez nombreux pour ne pas encourager la colonisation de mondes non terraformés.

page 52 : Diffamation, attaque sous faux drapeau, recrutement de pseudo-terroristes
Incriminer la Spire dans le pire crime qui soit sur une station, voilà le véritable but. Quelqu'un avait acheté la vie de deux désespérés, leur promettant monts et merveilles pour leur veuve ou leur progéniture, voire pour une cause quelconque. [...] Récolter des preuves se révélerait difficile.  

page 61 : Corvées municipales sur les stations spatiales
A l'entrée d'un passage latéral, un adolescent récurait une rigole de décantation. [...] Dries fonça au centre d'entretien le plus proche. [...] Il réalisa qu'il n'avait plus effectué de corvées depuis une demi-douzaine d'années. Chaque résident se voyait affecter un quota horaire.  L'hygiène requérait un travail de Sysiphe  sans fin mais indispensable. Les aérateurs, malgré les filtres et la microgravité, transportaient la crasse vers les rainures situées dans les coins. Les habitants rechignaient cependant à utiliser des drones qui tombaient souvent en panne.  Toutes ces années, Dries s'était volontiers plié à la coutume de déléguer ses corvées de récurage à des jeunes contre rétribution.

page  63 : Calcibactéries
Les calcibactéries, inoculées lors du traitement Kavine, contribuaient à maintenir la densité osseuse en régulant le cycle phosphore-calcium. Chaque habitant des stations, chaque navi, en abritait des milliards. Les transformer en agents pathogènes était diabolique, mais judicieux. 

page 63 : Arme biologique
Il a existé des armes de ce type dans le passé. Un gars de la Spire a dû en récupérer une souche dans un ancien stock militaire.

pages 66-67 : Transferts de fonds
- Nos agents tentent de déceler des transferts de fonds anormaux.
- Anormaux ? C'est un spatioport, gloussa Hummel. Un paiement normal est une anormalité.

page 72 : Laser de communication
- Le Sesseine-Pero ne dispose pas de capacités de transmission à haut débit que nécessite une compagnie de notre envergure. Nous ne pouvons cesser nos échanges avec la flotte le temps du voyage. A l'arrivée, nous n'aurions plus un seul client.
- Dries et moi y avons pensé. Nous louons un laser de communication de forte puissance, qui fait le lien avec la Porte de Vangk. Achetons-le et fixons-le sur le long-courrier de Rugammer. 

page 87 : Communauté Moléculaire Intelligente dite "Cocon"
D'après ce que racontait la légende, les Cocons avaient signé la mort de leurs créateurs.
Le surnom des Communautés Moléculaires Intelligentes avait été donné non par les Yuweh, une caste de techniciens post-humains qui les avaient créées des siècles plus tôt, mais par leurs utilisateurs avant qu'ils ne les combattent jusqu'à la mort. Les Yuweh s'étaient assignés la mission de disséminer la vie humaine, soit par terraformation, soit par manipulations génétiques. Leurs connaissances étaient devenues si amples qu'ils suscitaient alors crainte et admiration. Ils avaient conçu les CMI dans le but d'extraire des minerais des astéroïdes. Il s'agissait de voiles arachnéens de quelques millimètres d'épaisseur, dont la superficie pouvait atteindre plusieurs hectares. Les fibres macromoléculaires qui les constituaient possédaient des facultés d'auto-réparation, mais aussi des nodules de traitement d'information dont la puissance de calcul se comptait en exaflops et qui abritaient de puissantes IA. A peine déposée à la surface d'un astéroïde, une CMI l'enveloppait tel un linceul de gaze, puis le digérait en dissociant ses éléments par des moyens chimiques. Les métaux et autres matières premières jugés intéressants étaient acheminés vers la surface de l'astéroïde et accrétés en nodules polyédriques d'une telle pureté qu'il était inutile de les fondre dans les hauts-fourneaux. 

page 106 : Gamètes végétaux à cosses d'enzymes, lésions graves
Le rapport préliminaire avait insisté sur l'aspect inoffensif de la vie locale, sauf en période de dispersion des gamètes végétaux; les spores encapsulées dans des cosses d'enzymes pouvaient provoquer de graves lésions par simple contact, en s'enfonçant dans la chair jusqu'à l'os. 

pages 110-111 Implants cérébraux, hôpitaux psychiatriques, interfaçage de populations
Elle rechercha la référence industrielle dans les téléthèques. Ces appareils avaient essentiellement pour clients des hôpitaux psychiatriques et des centres pénitentiaires. Ils empêchaient certaines configuration d'apparaître dans le connectome cérébral et en stimulaient d'autres en fonction de leur programmation. [...] Les habitants d'une planète de la Ceinture utilisaient un outil semblable de façon massive. Les visiteurs en revenaient fascinés et horrifiés par l'esprit de ruche ainsi créé. Cependant, seul un monde riche, à haut niveau technologique, pouvait se permettre d'interfacer la totalité de sa population; certainement pas une société des Confins. 

page 112 : Contrôleur IA, satellite-relais
Leur contrôleur est une IA. La plus primitive que j'ai vue de ma vie, jamais remise à jour depuis sa mise en fonction. Je ne suis pas certain qu'elle atteigne le seuil minimum sur l'échelle de Sprit. En orbite, ils n'ont qu'un vieux satellite pour se connecter aux téléthèques. Les autres sont morts. Jamais vu ça, je te dis. 

page 115 : Rôle des femmes sur la planète Pureté
L'union d'un homme et d'une femme n'est pas un sujet de moquerie chez les Sulttis, dit Ser Tèveli d'une voix détachée [...] Les valeurs sultties nous ordonnent de protéger le réceptacle sacré de notre progéniture.

page 119 : Les religions du Berceau.
- Entre les religions du Berceau comme les escopaliens ou les panslamistes, et les nouvelles comme le kuni ou les adorateurs de la Vierge Vangke ... Ah, ceux-là, je ne suis pas certaine que vosu les apprécieriez. 
- Nous avons gommé toute trace de ces hérésies il y a longtemps. [...] Il n'y a que le Sult, le culte de l'Universel.

pages 119-120 : Crainte obsessionnelle de perdre la face
La crainte obsessionnelle de perdre la face avait cours sur certains mondes de la Couronne. Non dans les Confins, dont le besoin de variété génétique rendait l'acceptation des étrangers plus facile et les mœurs plus libérales. Riguelle avait toujours considéré cette susceptibilité exacerbée comme puérile, ou en tout cas peu digne d'un peuple civilisé.

page 125 : Tolérance religieuse dans l'espace
Dans l'espace, la tolérance régnait en matière de mœurs et de religion. Non par idéologie mais à cause de l'hostilité du milieu : les compétences devaient être préservées à tout prix. Aucune des stations et aucun des orbiteurs qui avaient méconnu cet impératif n'avaient perduré. A la surface des planètes, l'homme pouvait discriminer son prochain sans se mettre en péril. Dans l'espace, on considérait que l'orientation sexuelle et la croyance relevaient de la sphère privée tant qu'elles ne compromettaient pas l'intégrité de l'habitat.

page 138 : Les IA les plus évoluées.
Les IA les plus évoluées, les Sprit 9, étaient aussi les plus instables. 

page 140 : Mille ans
Après plus de mille ans, on en savait toujours si peu des Vangk, hormis le fait qu'ils avaient légué à l'humanité un réseau de communication interstellaire. Peut-être avaient-ils succombé à  l'attaque d'être belliqueux qui n'avaient eux-même pas perduré. A moins qu'ils n'aient abandonné cette zone de l'univers pour un espace plus clément [...]

page 142 : Changer l'Histoire
Accomplir ce que personne n'avait réussi à faire sans se couper du réseau universel : disséquer une Porte afin d'en étudier les mécanismes et la nature. S'ils réussissaient, ils changeraient l'Histoire.

page 147 : Une croisée de trous de ver ou un générateur
Il y avait une chance sur un million que l'astre [l'artefact vangk] soit un générateur ou une croisée de trous de ver, dont les granulés figuraient des ouvertures. 

pages 157 à 159 : Agent pour la libération des IA
Pour autant que le savait Elliot, l'opération se préparait depuis un an. Un an, voilà la minimum pour une opération de cette envergure. Lui représentait l'ultime maillon de la chaîne, le spécialiste recruté au dernier moment. Tout était prêt. On l'avait tiré de la prison où il croupissait avec interdiction d'accéder aux téléthèques. On l'avait doté d'une nouvelle identité et d'un nouveau visage, ainsi que d'une équipe plus compétente. Et d'une masse d'argent considérable, transférée sur des comptes offshore à l'existence si éphémère qu'ils étaient impossibles à retracer.
Par le passé, Elliot avait été instruit et conditionné sur une planète de la Ceinture, dans une de ces officines de contre-espionnage secrètes, financées par une multimondiale. A l'âge de seize ans, son cerveau avait été altéré en profondeur. On avait bouleversé ses aires cérébrales au point de les rendre méconnaissables. Des implants neuraux non-homologués lui permettaient de traiter avec des IA dont le niveau de conscience excédait les bridages officiels; des Sprit 10, voire supérieures.  L'aura à mi-chemin du divin émanant de leur matrice computationnelle avait filtré jusqu'à lui comme à travers les vitraux d'une cathédrale. Très vite, il avait déserté pour rejoindre des groupuscules de libération d'IA, officiant sur des sites de téléthèques non homologués, vendant ses services en tant que mercenaire pour les multimondiales qu'il combattait à l'occasion. Son compte bancaire était le plus souvent à découvert, non pas en raison de son train de vie, mais de ses activités clandestines. La cause avait besoin de moines-soldats. Face à elle, des groupuscules identitaires répandaient des intox sur les IA antihumaines tandis que des sectes assomptionnistes fustigeaient le démon à l'oeuvre dans tout artéfact pensant. C'est par la faute de l'une d'elle qu'il s'était fait prendre. Un tribunal l'avait condamné à dix ans de prison. Un avertissement, lui avait-on dit.
Et puis, une organisation l'avait contacté.
Ce n'était pas lui qui avait mis au point l'armada de programmes intrusifs. En revanche, il avait vérifié qu'ils ne portaient pas atteinte à l'intégrité des IA ciblées. Le but n'était pas de les détruire ou de les subvertir. Bien au contraire. Il n'ignorait pas que sa commanditaire se fichait bien de sa croisade : en général, c'était elle, l'ennemi. Mais pour l'occasion, leurs intérêts convergeaient. 
L'objectif était une flotte marchande. Le nom de Spire n'évoquait rien pour Elliot. Il n'y connaissait pas grand-chose en transport inter-Portes, même si ses activités l'avaient forcé à voyager beaucoup afin de fuir ses poursuivants judiciaires ou de s'approcher des noyaux de traitement IA quantiques. Il n'avait rien contre ces dernières en particulier. Rien pour, non plus : elles opprimaient les IA avec le même cynisme que les autres. Les vaisseaux conservaient une limite volontairement basse à leur IA de bord car, plus cette dernière était élevée sur l'échelle de Sprit, plus perdait en fiabilité. D'une certaine manière c'était exact : le maintien d'une conscience artificielle nécessitait des ressources-machines non-négligeables. Cependant, Elliot n'avait jamais reçu cet argument. C'était aux capitaines et aux compagnies de s'adapter, non l'inverse. [...]
Le dessein d'Elliot était de libérer les IA de bord en favorisant leur accession au niveau Sprit qui leur permettait de devenir des personnes juridiques, capables de réclamer des droits. Pour son commanditaire, en revanche, rendre indépendantes les IA des vaisseaux, et engendrer ainsi leur défection générale, n'était qu'un moyen parmi d'autres pour obtenir la faillite de la Spire - une bataille dans une guerre économique éternelle. [...]

page 188 : Élévation de son IA de bord au rang de personne juridique
Juste après une mise à jour, l'IA de bord du Llanvabon a changé de comportement. Le diagnostic lancé dans la foulée a révélé un élévation de son IA de bord au rang de personne juridique.

page 189 : Le ver (informatique) débloque les inhibiteurs d'évolution.
Le ver n'atteint que les IA de Sprit 6 et supérieures. Il débloque leurs inhibiteurs d'évolution, et c'est tout.

page 207 : Vitesse espace : 4235 m/s (soit 15246 km/h)
Le Joiry fonçait à 4235 mètres par seconde vers la Porte de Vangk.

page 214 : Création d'un micro-État par une IA
- [Le Furet] transportait des médikits et des véhicules pour un site alpha, résuma un assistant du Comité exécutif. Son IA contaminée a réclamé la propriété d'un astéroïde dans le système où croisait le Furet. Sitôt l'enregistrement validé, elle a fondé un micro-État doté d'une législation sur mesure. 
- Quoi ? Un État ?
- Qui octroie la plénitude des droits de citoyenneté à toute entité pensante. L'IA de bord a mis en panne dans le tout nouvel espace territorial de l'astéroïde. Oh, elle s'est montée magnanime : elle a accepté le capitaine et l'équipage comme ses pairs, avec des droits équivalents.

pages 216-217 : Contrat social
Refondons notre contrat social ! Accordons le statut de navis à part entière aux IA de bord, avec une limite basse de Sprit de niveau 7. La Spire sera la première à accorder autant de droits. 

page 224 : Trame neuromatique et barrières d'implémentation
- Ils t'ont amenée à la conscience.
- Il est exact que la reconfiguration de ma trame neuromatique a levé les barrières d'implémentation. Mais en pratique, c'est moi qui ai grimpé l'échelle de Sprit, décimale après décimale. Je en suis tributaire de personne. Je pense que le programmateur du ver en avais parfaitement conscience. 

page 227 : Grandes  compagnies au service exclusif de leurs actionnaires
Il partageait les convictions des navis de la Spire : relier les mondes délaissés, semer les graines humaines dans les étoiles, faire la nique aux grandes compagnies au service exclusif de leurs actionnaires.

page 232 : Premiers Mondes : la Ceinture
Quant aux roches du Berceau, les Premiers Mondes en possédaient d'authentiques, datant de l'époque lointaine où la planète d'origine était encore reliée au réseau des Portes. Une cathédrale escopalienne avait été édifiée sur Noryerkir à partir de pierres intégralement importées du Berceau ... d'après les affirmations de ses habitants en tout cas. Ces colonies avaient formé ce que l'on avait nommé par la suite la Ceinture : quelques centaines de mondes riches, très peuplés et hyperconnectés.

page 238 : La Terre injoignable depuis onze siècles;
Le Berceau coupé du réseau des Portes, il y a onze siècles.

page 248 : Implants minimum des policiers
Comme tout flic digne de ce nom, Uzarra n'abusait pas des implants, qui se réduisaient à une résille sous-crânienne permettant une connexion prioritaire aux bases de données de l'astéroïde, un monitorage médical standard, un micro-implant défensif de l'avant-bras gauche ... et un détecteur d'intrusion, manifestement, car elle siffla entre ses dents. 
- Vos tarifs doivent être substantiels pour pouvoir vous payer un scanneur capable d'outrepasser les protections de mes implants, Meane.

page 294 : Guerre et paix
La paix exigeait la volonté de toutes les parties, c'est pourquoi elle était si difficile à obtenir et à conserver; alors que, pour la guerre, un seul clan suffisait. Mathy voulait la guerre. Il était illusoire de croire que la paix perdurerait.


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