lundi 29 octobre 2018

L'Algébriste - Notes de lecture


Pour les humains, et les autres races à la vie brève, la galaxie est un endroit dangereux où règne une paix précaire. Un réseau de trous de ver artificiels sert à voyager entre les étoiles. Il est maintenu sous la férule de la Mercatoria, qui s’efforce de gérer les équilibres entre espèces.

Par contre, pour les Habitants, ces formes de vie quasi-immortelles apparues peu après le Big bang, la seule chose qui importe, ce sont les géantes gazeuses (comme notre voisine Jupiter) où ils vaquent à leurs affaires. Le reste n’est que débris épars… Et ils ne s’intéressent guère aux autres peuples de la Galaxie

Afin de sauver son système solaire menacé par la flotte de l’Archimandrite Luseferous, le jeune Fassin Taak doit plonger dans l’atmosphère de la géante Nasqueron, à la recherche d’une très ancienne formule, d’une clé détenue par les Habitants depuis des millions d’années. Mais ceux-ci, joyeux anarchistes avides d’informations en tous genres, ont un sens de l’humour très particulier, des habitudes déplorables comme celle de chasser à mort leur propre progéniture, et il se pourrait bien qu’ils dissimulent plus d’un secret. Leur seule faiblesse : un goût immodéré pour les informations.

La quête désespérée de Taak le conduit d’un bout à l’autre de la galaxie à travers un réseau de trous de vers, géré par la Mercatoria, Fassin parcourt la Galaxie à la recherche d’une information délectable. Pendant ce temps, la flotte monstrueuse de Luseferous se rapproche de Nasqueron. Mais la guerre cesse d’être une activité prévisible dès que les Habitants y sont mêlés…


Morceaux choisis

p.12 Le personnage du méchant
L'Archimandrite Luseferous, prêtre guerrier du Culte des Affamés de Leseum9 IV et souverain effectif de cent dix-sept systèmes solaires, d'une quarantaine de planètes habitées, de nombreux Habitats artificiels immobiles de taille significative et de centaines de milliers de navires cvils, Amiral en chef de l'Escadron du Suaire de la 468ème Flotte, ancien représentant humain/non-humain d’Épiphanie Cinq à l'Assemblée suprême galactique - peu de temps avant l'avènement du Chaos en cours et la fin de la Cascade de Déconnexions - , avait, il y a quelques années de cela, fait détacher du reste de son corps la tête de son plus grand ennemi, le chef rebelle Stinausin, afin de la brancher à un mécanisme d'assistance et de l'accrocher, à l'envers, au plafond de son vaste bureau situé sous les remparts externes de la Citadelle de Pierre - d'où il avait une vue imprenable sur Junch City, la baie de Faraby et la rainure verticale et floue du Fossé de Force - pour pouvoir, lorsqu'il était d'humeur à frapper, c'est-à-dire assez souvent, se défouler dessus comme sur un punching-ball.

p.20 Le cadre du récit
La géante gazeuse Nasqueron était la plus grosse planète du système Ulubis, lequel était situé dans uen patie isolée du Courant Quaternaire, l'une des vrilles sud des Confins de la galaxie, à cinquante-cinq mille années-lumière de son centre nominal . Impossible d'être plus isolé, à moins de sortir de la galaxie.
Il y avait divers degrés d'isolement, particulièrement en cette période d'Après-guerre, mais Ulubis faisait réellement partie de ces systèmes les plus éloignés. Néanmoins, le fait d'être situé dans les confins de l'espace habité - a fortiori en dessous du plan galactique, où les dernières étoiles et les dernières traces de gaz cédaient la place au vide absolu - ne signifiait pas nécessairement que l'endroit était inaccessible. A condition, bien sûr, de n'être pas loin d'un portail digne de ce nom.

p.21 Histoire des Complexes de trous de vers successifs 
Le système d'Ulubis avait été relié au reste de la galaxie plus de trois milliards d'années auparavant, lors de ce qu'on appelait le "Nouvel Âge". A l'époque, c'était un système relativement jeune, formé depuis quelques milliards d'années seulement, mais il abritait déjà  de nombreuses formes de vie. Son artère de connexion faisait partie du Second Complexe, la deuxième tentative sérieuse de la communauté galactique d'intégrer un réseau de trous de vers. Toutefois, ce lien avait été coupé pendant le milliard d'années tumultueux de la Longue Chute, lors de laquelle s'étaient succédé la Guerre des Rafales, la Dispersion Anarchique et la Rupture d'Informorta, avant de sombrer - comme le reste de la galaxie - dans une sorte de léthargie au temps du Second Chaos, ou Chaos Majeur, époque à laquelle ne survécurent que les Habitants de Nasqueron. Ceux-ci faisaient partie des espèces dites "Lentes" qui vivaient sur une autre échelle temporelle et ne voyaient aucun inconvénient à voyager plusieurs centaines d'années pour se rendre d'un point A à un point B. Un milliard d'années sans événement majeur était pour eux l'équivalent d'une petite année sabbatique.
Après l'Âge de la Troisième Diaspora (et bien d'autres bouleversements de cette histoire galactique particulièrement mouvementée), l'ouverture d'un nouveau trou de ver permit à Ulubis de rejoindre le Troisième Complexe. Cette artère se maintint pendant soixante-dix millions d'années paisibles et productives, qui virent de nombreuses espèces Rapides aller et venir sous le regard des Habitants, seuls témoins véritables de la lente évolution de la région. Toutefois, l'Effondrement des Artères plongea une fois de plus Ulubis dans la solitude, en même temps que quatre-vingt-quinze pour cent de la galaxie connectée. D'autres portails et trous de vers disparurent pendant la Guerre des Nouveuax Rapides et celle des Machines. La paix ne s'installa durablement que grâce à l'avènement de la Mercatoria - du moins était-ce le discours officiel de ceux qui contrôlaient cette dernière - et le début du Quatrième Complexe.
Le long processus de reconnexion n'en était qu'à ses balbutiements lorsqu'on rouvrit l'artère d'Ulubis. Celle-ci resta en activité pendant plus de six mille ans, durant lesquels le système fut très facilement accessible. Malheureusement, elle finit par être détruite elle aussi, et cela faisait un bon quart de millénaire que cette partie de la galaxie était isolée. Le portail le plus proche se trouvait à deux cent quatorze années de voyage, loin dans les profondeurs du Courant, dans le système Zenerre.

p.29 Histoire relativement contemporaine et allusions/hommages à Dune de Frank Herbert
Le navire était mort depuis des millénaires. Combien exactement ? Personne ne pouvait le dire, mais les estimations les plus plausibles parlaient de six ou sept. C'était un des nombreux vaisseaux qui avaient été endommagés à l'époque de la Guerre des Nouveaux Rapides (ou bien plus tard, au temps de la Guerre des Machines, de la Dispersion ou des conflits confus et violents qui émaillèrent l’Éparpillement), une pièce oubliée sur l'échiquier des disputes galactiques, des guerres de civilisations, des manœuvres panraciales et de al métapolitique à grande échelle.

p.134 Humains prélevés sur Terre en 4051 avant J.C. (cf. p. 131) puis allusion/hommage à David Brin
Préparation : Procédé très ancien mis récemment en pratique par la Culmina et consistant à prélever des individus d'espèces précivilisées (habituellement sous forme embryonnaire ou clonoclastique) pour les assujettir / les réduire en esclavage / en faire des mercenaires / les éduquer. Lorsque leur espèce d'origine atteint le stade galactique et qu'elle rencontre dans l'espace des congénères au moins aussi civilisés / technologiquement avancés (et souvent plus nombreux), elle est supposée se sentir redevable envers es mentors (lesquels affirment souvent l'avoir protégée contre d'éventuelles comètes ou autres fléaux venus de l'espace). Cette pratique a été bannie par le passé (voir lois pangalactqiues et Conseil galactique) mais tend à réapparaître lorsque la civilisation recule. La Préparation est parfois appelée Élévation ou Éducation agressive. Voir aussi : pHumains et aHumains (premiers et autres humains).  

6 commentaires:

Je a dit…

Iain M. Banks est né en Écosse, en 1954. Après des études de littérature anglaise, de philosophie et de psychologie, il publie son premier roman en 1984, Le Seigneur des guêpes. Depuis, il a construit son fameux cycle de la Culture, une fresque de science-fiction (L'homme des jeux, L'usage des armes, Une forme de guerre, Excession, Le Sens du vent et Inversions), qui l’a imposé comme l'un des meilleurs écrivains de SF britannique de ces dernières années et un des maîtres du Nouveau Space Opera. Il écrit également des romans plus proches du polar ou du thriller.

Je a dit…

Fiche de lecture signée Maestro

Le système d'Ulubis va être envahi par les Déconnectés, qui troublent l'ordre galactique instauré par la Mercatoria. Pour sauver les siens, Fassin Taak se voit assigner une mission : retrouver une liste légendaire de trous de vers secrets. Mais pour cela, il va devoir convaincre les fantasques Habitants de Nasqueron de la lui révéler.

Iain M. Banks est surtout connu pour son « Cycle de la Culture », mais ce roman n'en fait pas partie.

On est tout de suite plongé dans un univers riche et complexe. Il y a une multitude de races (humains, Voehns, Habitants, Oerileithes, Quaups, Jajueheins...), d'organismes gouvernementaux galactiques (Mercatoria, Omnocratie, Culmina, Navigarchie, Ocula, Septs de Voyants...) et de systèmes connectés par des trous de vers qui forment une vaste méta-civilisation. Mais le roman se cantonne presque uniquement à un seul système : Ulubis, qui a été déconnecté par des terroristes il y a plusieurs siècles. Et au sein de ce système, on se concentre sur une géante gazeuse (Nasqueron) et un de ses satellites ('glantine).

Ce roman oscille entre space-opera et planet-opera, avec pour particularité de se centrer sur une géante gazeuse. Au cœur d’événements de portée galactique, l'histoire se concentre sur un petit rouage : Fassin Taak, qui va partir en quête d'une information importante.

Le début du roman est un peu difficile. Il y a beaucoup d'éléments à intégrer pour entrer dans l'univers décrit. Par ailleurs, des flashbacks mal indiqués peuvent gêner la lecture. Mais tout s'arrange avec la page 140. A ce moment, on entre vraiment dans le vif du sujet et on y reste jusqu'au bout.

En ce qui me concerne, j'ai trouvé l'histoire passionnante. C'est bien raconté, bien décrit. La plupart des personnages sont intéressants, surtout les Habitants avec leur mentalité tout à fait spéciale. Par contre, le héros principal est un peu fade. Il fonctionne surtout par contraste avec ses adjuvants, un peu comme Tintin. Je regrette aussi les flashbacks qui n'apportent pas grand chose. Pire : ils auraient pu introduire deux personnages géniaux mais ils sont laissés de côté et ne jouent presque aucun rôle dans l'histoire. Il y a comme ça deux ou trois digressions parfaitement inutiles sur des personnages non développés. Mais ce n'est pas très grave, on en a quand même pour son argent.

Si vous aimez les univers riches et complexes, les vaisseaux rutilants, les lasers surpuissants, les planètes exotiques et les quêtes mystérieuses, alors ce roman est fait pour vous ! Vous passerez un excellent moment en compagnie de Fassin Taak et de ses compagnons Hatherence et Y'sul.

Source : https://www.legaliondesetoiles.com/L-Algebriste_a2418.html

Je a dit…

Page 53, Iain M. Banks donne la date précise du "dix-huit novembre 4034 après JC, pour les aHumains" pour un rendez-vous auquel doit se rendre le personnage principal.
Cela confirme l'intervalle de huit millénaires entre le Prélèvement d'Humains sur Terre par des Voehns en 4051 avant JC et le déroulement du roman.

Le souci c'est que cela ne permet pas d'intercaler la Guerre des Machines (comprendre le Jihad Butlérien) de Frank Herbert auquel Iain Banks fait pourtant référence page 29.

Frank Herbert se réfère au Jihad à plusieurs reprises dans tout le cycle de Dune, mais ne donne pas beaucoup de détails sur la façon dont il a imaginé le conflit en tant que tel. Dans L'Empereur-Dieu de Dune (1981), le personnage de Leto II Atréides indique que le Jihad a été un bouleversement social semi-religieux, initié par des humains qui se sont sentis repoussés par la façon dont ils étaient guidés et contrôlés par les machines.

Dans le cycle « Dune, La Genèse », constitué des trois tomes La Guerre des machines, Le Jihad Butlérien et La Bataille de Corrin, de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, le Jihad Butlérien commence en 201 AG (« Avant la Guilde », c'est-à-dire 201 ans avant la création de la Guilde spatiale) pour se terminer en 108 AG par la victoire des Humains, réunis au sein de la Ligue des Nobles.

Je a dit…

La Ligue pouvait compter sur le soutien des Planètes Dissociées, planètes non membres de la Ligue mais ne faisant pas non plus partie des Mondes Synchronisés, les mondes inféodés au suresprit des Machines, Omnius. On compte parmi ces planètes notamment Caladan, le berceau de la Maison Atréides, Arrakis, la seule source connue de l’Épice gériatrique (le Mélange) ou encore Tlulax, la planète de ce qui deviendra plus tard le Bene Tleilax. Les Machines ont à leur côté les Titans, des mécaniques dotées de cerveaux humains, qui finissent par trahir Omnius. Les derniers Titans, Agamemnon, Junon et Dante, seront finalement détruits par Vorian Atréides et Quentin Butler juste avant la bataille de Corrin.

Dans les premiers temps, la suprématie des Machines était absolue, et la résistance humaine semblait vouée à l’échec à terme. Mais l’assassinat sur la Terre du fils de Serena Butler, Manion, par le robot indépendant Érasme, conduisit à une révolte sans précédent des esclaves humains des Mondes Synchronisés et à une riposte massive de la Ligue, qui frappa la Terre d’ogives nucléaires (les « atomiques » de chaque grande famille noble). S’ensuivit une longue période de combats entre la Ligue et les Machines, période marquée par un relatif équilibre des forces (victoires humaines de Poritrin, Tyndall, IV Anbus, défaites d’Honru, d’Ellram, de Peridot et de Corrin).

La Ligue fut cependant au bord de l’effondrement après l’offensive bactériologique d’Omnius, qui dissémina des agents pathogènes d’une peste à haut degré de mortalité, le « Fléau d’Omnius ». Ce Fléau élimina plus de la moitié de la population humaine. Pour éviter la défaite imminente, la Ligue décida de frapper radicalement tous les Mondes Synchronisés d’Omnius à coup d’atomiques au cours d’une campagne éclair, appelée La Grande Purge. Cette campagne, dirigée par Vorian Atréides, fut rendue possible par l’utilisation des moteurs dotés de l'« effet Holtzman », une technologie pouvant « plisser » l’espace pour parcourir d'immenses distances dans l'espace en quelques instants (une sorte de téléportation).

À la suite de la Grande Purge, seule Corrin resta sous le joug des Machines, en tant que dernier Monde Synchronisé. Pendant vingt ans, la Ligue empêcha toute sortie des Machines, en mettant en place un cordon de satellites-brouilleurs capables d’anéantir les circuits de toute machine tentant de le franchir, et en laissant stationner au large de Corrin une flotte de surveillance.

Toutefois, après cette accalmie relative marquée par une ultime offensive d’Omnius sur la planète capitale de la Ligue, Salusa Secundus, l’Armée de l’Humanité lança la plus grande offensive de l'histoire du Jihad, dans le but de détruire le suresprit de Corrin. Les Forces humaines étaient dirigées par le Bashar Suprême Vorian Atréides, secondé par le Bashar Abulurd Harkonnen. Le manque de détermination d'Abulurd et sa lâcheté lors de l’épisode du Pont de Hrethgir faillirent conduire l’Armada humaine au désastre, mais le sang-froid de Vorian Atréides permit aux forces humaines de remporter finalement un succès coûteux en vies humaines, mais décisif. Les Machines et Omnius venaient de perdre là leur dernière bataille, la Ligue remportant la victoire finale.

Pour marquer la fin du Jihad et tourner la page de cette époque sombre et sanglante, le Vice-Roi de la Ligue, Faykan Butler, prit alors le nom de Corrino, en mémoire de l’ultime bataille. Il décida d’une nouvelle organisation politique des mondes humains, réunis désormais au sein d’un Empire Galactique dont il serait le souverain, prenant le titre d’Empereur Padishah.

Je a dit…

L'Empire Galactique mit en place par Faykan Butler alias Faykan Ier Corrino, 88 ans avant l’Ère de la Guilde Spatiale (soit en 9912) se perpétua à travers plusieurs dynasties et se termina sur le monde-capitale Trantor, vers 12330.

La Fondation d'Hari Seldon, basée sur la planète Terminus, reprit ensuite, après le pillage de Trantor par un certain Gilmer, le contrôle non seulement de la technologie mais aussi d'une bonne partie de la galaxie. Ailleurs, d'autres puissances émergentes (comme la Seconde Fondation de Home/ex-Trantor ou les adorateurs de Gaïa) complétèrent le puzzle galactique.

On pourrait aisément appeler l'ensemble de cette pancivilisation galactique "la Mercatoria" (qui contrôle fermement l'usage commercial du Complexe de trous de vers ; celui-ci étant le dernier lien entre toutes les factions existantes et rivales).

Je a dit…

Pour insérer ce roman dans "Une Histoire du Futur", je pourrais le situer non pas en 4034 après JC mais en 13034.

La découverte du réseau de trous de vers/artères galactiques reliant les 90 millions de mondes joviens peuplés d'Habitants permettrait en effet, en une ou deux générations seulement, de passer de l'homo novo à l'homo finis évoqué dans la bande dessinée "Demain les dauphins" de Miguelanxo Prado.