mardi 3 décembre 2019

Le Nyctalope, le premier super héros

Le Nyctalope, le premier super hérosNous allons voir aujourd'hui un super héros français le Nyctalope que l'on peut considérer comme le premier super héros connu puisqu'il a été créé par l'auteur français Jean de La Hire (1878-1956), de son vrai nom Adolphe Espie en 1909 avec "L'homme qui peut vivre dans l'eau". Cet auteur était l'un des romanciers les plus populaires de France, écrivant plus de dix livres par an, certains tirés à 100 000 exemplaires, parcourant la France dans sa voiture de sport signant des autographes. J'espère que les images vous plairont, vous pouvez les prendre si vous voulez.
Son personnage Léo Saint-Clair, dit le Nyctalope, né vers 1878 (même si l'un des livres plus tard mis à jour à 1892), reçoit un cœur artificiel après une tentative d'assassinat, et devient un héros vengeur doté de super-pouvoirs et capable de voir la nuit du fait que les iris changent les couleurs. Il n'hésite pas à affronter les plus terrifiants adversaires dans 18 romans entre 1909 et 1955. Ce super-héros ne s'intéresse pas aux questions sociales, il défend l'ordre et l'État combattant les ennemis de son temps, les anarchistes et les communistes, voire d'autres ennemis venant d'Asie ou d'Occident. Ce qui démontre les partis pris de son auteur Jean de la Hire qui a toujours soutenu les élites dirigeantes. Ses aventures prennent lieu à peu près entre 1898 et 1943.
Léo Saint-Clair fait donc sa première apparition dans Le Mystère des XV (1911) dans laquelle Oxus tente de conquérir Mars et veut reproduire une nouvelle race de surhommes. Ce livre présente un croisement fictif avec les Martiens de H.G. Wells. Avant de combattre Oxus il fit une apparition avait déjà paru dans L'Homme qui peut vivre dans l'eau (1909), qui a eu lieu 25 ans avant et présente le père de Léo, Jean Saint-Clair, comme un personnage secondaire. Dans ce roman, Oxus et le moine fou Fulbert ont greffés des branchies de requin sur une malheureuse victime, le transformant en l'Hictaner, un homme respirant sous l'eau.
Après un intervalle de dix ans au cours duquel La Hire a écrit d'autres romans, et le Nyctalope revient dans Lucifer (1921-1922). Là, il affronte le Baron Glo von Warteck qui, de sa citadelle aux Bermudes, a tenté d'asservir l'humanité avec ses rayons Omega. Plus de romans suivirent L'Amazone du mont Everest (1925); La Captive du démon (1927), Titania (1929), Belzébuth (1930), et Gorillard (1932), avec l'introduction de méchants grandioses et des périls incroyables, comme Leonid Zattan, le mal incarné, la princesse rouge Titania, la Reine des Hashshashins, son fils Belzébuth, et Gorillard le Mastodonte. Dans Les Mystères de Lyon (1933), le Nyctalope a combattu la voleuse de vie Alouh Te Ho, une impératrice chinoise née en 1852.
Dans L'Assassinat du Nyctalope (1933), Le Sphinx du Maroc (1934), La Croisière du Nyctalope (1936), Le Mystère de la croix du sang (1941) et L'Enfant perdu (1942), le Nyctalope met en avant la bonne parole coloniale civilisatrice et la soumission aux élites proférée par son auteur qui à partir de la Seconde guerre mondiale se rapproche de l'idéologie pétainiste et soutient la collaboration à travers ses écrits, il est même nommé par l'administration allemande de la zone occupée commissaire-gérant de la maison d'édition Ferenczi.
En 1943, dans Le Roi de la Nuit, le Nyctalope vole vers Rhéa, une planète inconnue jusqu'ici, dans un vaisseau spatial anti-gravité alimenté et là, il règle une guerre entre ceux qui sont côtés jours ailés et ceux qui sont côtés nuits simiesques. La dernière histoire du Nyctalope était le roman Rien qu'une nuit (1944), qui a lieu en 1941, dans lequel le Nyctalope semble avoir succombé aux charmes de la collaboration avec les nazis. Deux romans sur le Nyctalope inachevés furent achevés et publiés par le fils du frère de La Hire en 1954 et 1955, La Sorcière nue et L'Énigme du squelette. Il n'est pas anormal qu'il ait inachevé ces deux romans puisqu'après la guerre, il doit faire face à l'épuration à la Libération : il est exclu du Syndicat des Éditeurs le 9 septembre 1944, et mis en détention préventive le 21 mars 1945. Il connaît la dégradation nationale en 1948 et ce n'est qu'après 1951 qu'il reprend l'écriture avant de mourir en 1956.
Le Nyctalope, le premier super hérosPour autant, le Nyctalope n'a pas disparu et on a essayé de le mettre au gout du jour notamment avec la bande dessinée intitulée La Brigade chimérique des auteurs Serge Lehman et Fabrice Colin et du dessinateur Gess (2009), où il est un personnage central dans le monde dans l'entre deux-guerre où il devient le nouveau protecteur de Paris depuis la disparition de Marie Curie. Et rejoint à nouveau la Brigade chimérique appelé au secours par Irène et Joliot Curie qui font la résistance au Dr. Mabuse (un équivalent d'Hitler) et à ses tendances conquérantes. Ici, le Nyctalope redore son blason. Puis en En 2013, Randy et Jean-Marc Lofficier ont publié Le retour du Nyctalope aux éditions Rivière Blanche, qui comporte une réédition du roman Le Roi de la nuit de Jean de la Hire, auquel ils ont écrit une suite. Ce récit inédit - intitulé Le retour du Nyctalope - se déroule 80 ans après les événements du Roi de la nuit.
En 2014, l'association vannetaise Carpeta trouvant dommage que jamais un film n'ait été consacré au Nyctalope lui a fait un bel hommage dans un petit film de 10 minutes montrant Léo Saint-Clair, alias le Nyctalope, dans une mission difficile très bien rythmée et chorégraphiée (dont je vous mets la vidéo au-dessus). Attendons de voir si ce personnage qui a été réhabilité depuis 2009 verra sa consécration filmique et dans quel sens (parodique ou thriller politique) elle pourrait l'être. Une question qui verra sa réponse dans la suite des aventures du personnage.
Merci !

Source : https://taigong788.skyrock.com/3279892556-Le-Nyctalope-le-premier-super-heros.html

5 commentaires:

Je a dit…

Adolphe d'Espie, aussi connu sous le nom de plume de Jean de La Hire, né le 28 janvier 1878 à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) et mort le 5 septembre 1956 à Nice (Alpes-Maritimes), est un écrivain, éditeur et homme politique français. Romancier très prolifique dans la première moitié du XXe siècle, il est alors l'un des auteurs de littérature populaire les plus appréciés du public français, publiés en feuilleton notamment dans le quotidien Le Matin. Mais son passage à la collaboration sous l'occupation allemande vient durablement entacher son image, et son œuvre tombe après-guerre dans l'oubli. Outre son principal pseudonyme, il a également utilisé d'autres noms de plume.

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Famille

Adolphe Célestin Ferdinand d'Espie est le fils aîné du comte Célestin d'Espie, viticulteur à Banyuls-sur-Mer, et de Marie Maillol, sœur du sculpteur et peintre Aristide Maillol. À la mort de son père, il hérite du titre de comte. Il passe une partie de sa jeunesse dans une pension tenue par des Jésuites où il reçoit une solide éducation en lettres classiques. Après ces « dix ans passés au collège des Jésuites de Béziers, il devient profondément anticlérical et le restera jusqu'à l'âge de 30 ans ». À l'âge de vingt ans, il choisit de venir à Paris et de faire carrière dans les lettres. Il devient d'abord secrétaire et nègre littéraire du couple Colette-Willy. Il travaille ensuite comme journaliste au Matin, dont il prend un temps la direction littéraire.

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Carrière littéraire

Il prend pour nom de plume Jean de La Hire, en signe d'admiration pour les fameuses paroles d'Étienne de Vignolles, dit La Hire, compagnon de Jeanne d'Arc : « Seigneur fais pour La Hire ce que tu voudrais que La Hire fît pour toi, si tu étais La Hire et si La Hire était Dieu. » Le comte Adolphe d'Espie est d'ailleurs « le descendant [de ce] compagnon de Jeanne d'Arc ».

En 1898, il publie chez Edmond Girard son premier roman, La Chair et l'Esprit, grâce à Pierre Louÿs.

Jusqu'en 1908, il publie plus d'une vingtaine de romans, comme l'introuvable Héro et Léandre publié à Marseille avec un portrait de l'écrivain par Rippl-Ronaï (1900), Le Tombeau des vierges (1900), La Torera (1902), L'Enfer du soldat (1903), et ceux qu'il publie à la maison d'édition Offenstadt. Il se tourne également vers les métiers de l'édition et fonde la Bibliothèque indépendante, le 15 novembre 1904, sous son vrai nom, Adolphe-Ferdinand Célestin d’Espie. Il revend cette maison d'édition moins d'un an plus tard, et prend alors la direction de la Librairie Universelle, de juillet 1905 à juin 1906. Après une étude biographique sur Colette en 1905, il fait paraître La Roue fulgurante en 1906. Il y décrit une roue qui aspire les maisons « comme les feuilles mortes sur le passage d'un train rapide ». Ce roman d'anticipation et de science-fiction fait de lui l'un des pionniers français du space opera.

Auteur extrêmement prolifique, il aborde tous les genres littéraires en vogue et publie pendant sa longue carrière plus de 600 textes, dont certains dépassent les 100 000 exemplaires, tirage considérable pour l'époque. Certains romans, tant sentimentaux que policiers, d'aventures, de cape et d'épée ou de science-fiction, sont parus d'abord en feuilletons dans des journaux et en fascicules, forme de publication qui se développe fortement au début du XXe siècle.

Je a dit…

Carrière littéraire (suite)

Ses romans de littérature classique tels que L'Enfer du soldat (1903) ou Les Vipères (1905), côtoient constamment des romans d'aventures et d'espionnage comme la série des Grandes aventures du Nyctalope. En 1911, Jean de La Hire crée en effet le personnage de Léo Saint-Clair, dit le Nyctalope, avec la publication du Mystère des XV. Après une tentative d'assassinat, ce personnage reçoit un cœur artificiel, et devient un héros vengeur doté d'une vision nocturne. Moins connu que Rocambole, Arsène Lupin ou Fantômas, le Nyctalope a connu en son temps un grand succès commercial, à travers une trentaine d'ouvrages. Le fait de posséder un nom de code et un super-pouvoir — en l'occurrence la vision nocturne, à laquelle s'ajoute une quasi-immortalité due à son cœur artificiel — fait qu'il est parfois considéré comme l'un des premiers super-héros de l'histoire de la littérature populaire5. Certains des titres de cette série relèvent directement du roman policier, comme Les Mystères de Lyon (1933), L'Assassinat du Nyctalope (1933), La Sorcière nue (1954), ou encore L'Énigme du squelette (1955), le dernier titre où apparaît le héros.

Je a dit…

Carrière littéraire (suite)

Jean de La Hire mêle parfois plusieurs genres, comme le fantastique et la science-fiction dans Le Roi de la nuit (1943). Il utilise aussi plusieurs autres pseudonymes, à l'instar de la plupart des romanciers populaires de l'époque : Edmond Cazal pour les romans historiques comme Mirabeau et Sainte Thérèse d'Avila ; celui de Commandant Cazal pour ses romans de guerre ; Alexandre Zorka, John Vinegrower et André Laumière pour ses romans d'amour ; et Arsène Lefort pour ses romans de cape et d'épée, comme Le Roi des catacombes (1929), La Fille de Duguesclin (1938), mais également pour des romans policiers, dont Le Mystère de Ker-Gor (1932).

Adolphe d'Espie s'essaie en outre à des ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse qui font sa popularité : s'y retrouvent les genres du roman policier, du roman d'amour, de la science-fiction et des aventures de scouts. Ces derniers romans paraissent sous forme de récits à épisodes en plusieurs livraisons : Les Trois Boy-scouts (édition Ferenczi, publication débutée en 1913), Grandes aventures d’un boy-scout (édition Ferenczi, 1926), L’As des boy-scouts (Ferenczi, 1932), etc. C'est en particulier dans ce genre qu'il développe pleinement sa production littéraire sérielle, recourant à la dictée sténographique pour maintenir le rythme de ses publications. Chaque épisode, qui s'articule autour d'une aventure cohérente, peut être lu indépendamment de la série, au contraire d'autres auteurs dont les épisodes correspondent à la découpe normale en chapitre de l'œuvre finale. Ces mini-récits s'inspirent de situations typiques de divers genres littéraires transposés (policier, espionnage, naufrage sur une île déserte, etc.).

Participant aux combats de la Première Guerre mondiale, il est victime des gaz de combat qui lui laissent des problèmes pulmonaires récurrents.

En dépit de son succès populaire, Jean de La Hire ne renonce pas pour autant à la littérature classique avec Sainte Thérèse d'Avila (Ollendorf 1921) qu'il considère comme son meilleur livre. Il y propose une reconstruction des extases de la Sainte éponyme en termes de délire mystique à forte connotation sexuelle. Traduit en espagnol, ce livre est très attaqué dans le monde catholique. Il est mis à l'Index librorum prohibitorum, et brûlé solennellement à Madrid dans une cour du palais royal en présence de nombreux invités, d'un légat du pape et du roi Alphonse XIII d'Espagne. Une nouvelle mise à l'Index a lieu avec L'Inquisition d'Espagne, publié en 1924 sous le pseudonyme d'Edmond Cazal, dans la collection L'histoire Romanesque de la maison d'édition Paris Bibliothèque des curieux.