Gilbertus
Albans, un philosophe et logicien septimien, conçut un programme de recherches
poussées par un matin de printemps de 1231, lors d’une lecture sur le jihad
butlérien, pendant ses loisirs. Sa lecture faisait mention que les ordinateurs
légendaires avaient été construits par les humains, et il lui semblait peu
probable qu’ils puissent posséder des capacités supérieures à celles de
l’esprit humain. Au cours des années suivantes, il conçut un plan d’étude pour
la production d’ordinateurs humains, qu’il nomma « Mentats », et il
recruta des étudiants pour ce programme. L’Ordre débuta sur Septimus, il se
composait de trois rangs d’adeptes : les mémoriseurs, les processeurs et
les hypothésistes. Bien que souvent en difficultés financières à cause de son
Ordre naissant, Albans refusa de permettre à ses Mentats de servir, jusqu’à ce
qu’ils soient passé par les trois rangs. Mais il autorisa ceux qui étaient
encore en formation à faire connaître les capacités des Mentats, et cette
pratique conduisit à la délocalisation de la Maison de l’Ordre.
Parmi
les trois rangs, les processeurs étaient les plus vulnérables. Leur formation
soulignait l’acceptation inconditionnelle de la direction d’autrui, et ils
étaient donc totalement dépendants de la bonne volonté de ceux qui les
entouraient. Dans la maison de formation, ils étaient en sécurité sous la garde
de l’Ordre jusqu’à ce qu’ils atteignent au troisième rang, dans une sécurité
relative, l’hypothésiste.
Un
tragique accident sur Septimus conduisit presque l’Ordre en disgrâce. Albans
menait ses jeunes stagiaires dans différentes villes, de temps à autres,
présentant leurs compétences afin d’obtenir un soutien pour son programme. Pour
une telle occasion, un groupe de cinq processeurs fut séparé de la partie
principale. Conformément aux instructions d’Albans, ils devaient attendre au
stade sportif de la ville, le groupe demanda à un passant comment trouver le
stade. Il dit : « Il suffit de les suivre, eux – ils sont sur le
chemin en direction du stade », et il désigna un groupe de gladiateurs.
Les processeurs marchèrent dans leurs pas, les suivirent dans l’arène et furent
tués dans la mêlée du programme de la journée. Il y avait des histoires
similaires qui circulaient, de processeurs enlevés (une tache pas très
difficile) pour servir d’attraction curieuse lors du carnaval. Albans vit que,
au pire, l’Ordre risquait la destruction, et au mieux, le ridicule public. Il
décida donc, avec la Guilde, de déménager sur Tleilax. Moyennant un pourcentage
sur les profits, les tleilaxu acceptèrent de leur fournir une protection
militaire, l’association qui commença, devait avoir des conséquences
regrettables des siècles plus tard.
Une
fois qu’Albans fut en mesure de former un nombre suffisant d’Hypothésistes dans
l’isolement de Tleilax, il commença une campagne efficace pour convaincre les
administrateurs et les gestionnaires de la CHOM, de la valeur extraordinaire
des Mentats. Aussi fructueux qu’était son programme, ses méthodes de formation
étaient tellement secrètes, que pendant des siècles, l’Ordre put s’enrichir.
Ses protecteurs tleilaxu s’enrichissaient également, et certains spéculèrent
que la richesse qu’ils accumulèrent durant les premières années avait pu servir
d’investissement pour leur programme d’ingénierie biogénétique. D’autres
pensaient que le succès et le secret de l’Ordre des Mentats avaient poussé les
tleilaxu avides à essayer de produire des Mentats par d’autres moyens.
Grodon
Orpar Playt III
Auteur,
statisticien et parfois théoricien militaire ; il prit sa retraite de
gouverneur de Stormstile et accepta un mandat d’administrateur de la CHOM.
C’est pendant son service en cette qualité, qu’il entendit parler des travaux
d’Albans et qu’il rencontra personnellement plusieurs Mentats. A l’expiration
de son mandat de directeur, il prit contact avec l’Ordre ; comme l’indique
sa carrière, il possédait une prodigieuse intelligence et il termina le
programme d’entrainement des Mentats en trois mois. Sa valeur était évidente
pour Albans, qui se laissa convaincre par Playt d’étendre le programme pour
répondre aux besoins des chefs de gouvernements. Playt proposa trois rangs
supérieurs, les généralistes, les simulationnistes et les conseillers, et
étendit le programme de formation pour accueillir de nouveaux grades dans une
révision approfondie du Manuel des
Mentats d’Albans. Cette révision demeura presque inchangée dans les
millénaires qui suivirent.
La
croissance de l’Ordre
L’Ordre
grandit, lentement au début, mais de plus en plus rapidement lorsque les
dirigeants de la CHOM réalisèrent la valeur des Mentats. Leur discipline
rigoureuse, l’engagement à la logique et l’évitement des émotions, prévoyaient
une expansion pacifique et ordonnée de l’Ordre. En 1625, la Maison de l’Ordre
des Mentats atteignit sa taille optimale, qui avait été prévue avec précision
par Albans :
Les postulants
-
Nourrissons
et tout petits : 225
-
Enfants
de 3 à 6 ans : 440
-
Enfants
de 7 à 10 ans : 400
-
Enfants
de 11 à 13 ans : 280
Les candidats
-
14
ans : 90
Les demandeurs
-
15
ans : 80
Les mineurs ordinaires
-
Mémoriseurs :
60
-
Processeurs :
55
-
Hypothésistes :
50
Les majeurs ordinaires
-
Généralistes :
10
-
Simulationnistes :
6
-
Conseillers :
4
L’Ordre
était également bien épaulé par les 1700 personnes de la Maison et un personnel
de terrain de 200 auxiliaires, les Amis de l’Ordre des Mentats.
Les
défis de l’Ordre
Au
fil des siècles, la portée du programme de formation ne changea que légèrement.
Mais cette stabilité se modifia au cours de la croissance économique sans
précédent de l’imperium, en particulier sous Avelard II (qui régna de 1624 à
1647). Sous la pression politique importante, Avelard fut à un cheveu d’envoyer
des troupes sur Tleilax pour forcer l’Ordre à élargir son programme de
formation. Proctor Makarfo Bonn résista aux demandes d’augmenter la taille, le
rythme ou la qualité des efforts de formation de l’Ordre et, enfin réussit à
convaincre Avelard que ni l’Imperium, ni la CHOM, ni même le Landsraad ne
gagneraient en diluant la formation des Mentats. Les tleilaxu réclamèrent un
crédit en contrepartie de la patience d’Avelard, ils menaçaient de rendre publique
l’information qu’ils avaient été prêts à résister à une force d’invasion ;
cette réclamation rencontra un scepticisme unanime, en considérant que, d’une
part il y avait les forces sardaukars et celles du Landsraad, et de l’autre les
tleilaxu.
L’Ordre
fit face à des problèmes importants avec les radicaux néo-butlériens qui
apparaissaient sous la forme de fanatiques et qui émergeaient tout au long des
siècles. Parmi les plus violents, on trouvait les gauchistes pularsaniens, qui
considéraient les Mentats comme des traîtres qui avaient transformé leurs
esprits en machines biologiques. La terreur
des pularsaniens était dirigée contre les Mentats individuels, cependant
l’assassinat – la force et non la masse – était leur tactique favorite.
Le
Tleilax ne pouvait pas garantir la sécurité des Mentats qui étaient dispersés
sur quelques deux mille mondes ; la nécessité de défendre les Mentats
avait conduit à introduire les arts martiaux dans la formation des Mentats.
L’école des Maîtres d’Escrime de Ginaz, par exemple, dispensa une formation aux
Mentats du rang de conseillers, contribuant ainsi à créer la spécialisation de
mentat-assassin. Au dixième millénaire, le mentat-assassin – Thufir Hawat de la
Maison Atréides ou Piter de Vries de la Maison Harkonnen – était une condition
sine qua non pour une Grande Maison avec des aspirations élevées.
D’autres
spécialisations apparurent à cette époque, à la croisée de puissantes forces
politiques : le ghola Duncan Idaho, présenté à Muad’Dib par le Tleilax,
était un mentat philosophe Zensunni. L’auteur de l’ouvrage de référence sur
l’histoire de l’Ordre, Dondar Kooreeg estima que la formation de mentat chez le
ghola fut cruciale quand il recouvra sa personnalité pré-ghola, quelque chose
de sans précédent.
Les
problèmes vraiment regrettables dans la spécialisation des Mentats étaient
l’absence de lien entre la formation mentat et les programmes de la Guilde ou
du Bene Gesserit. Toutes (et beaucoup apparurent) étaient entretenues avec
hostilité.
Le
déclin de l’Ordre
Les
tleilaxu pouvaient se féliciter de
l’expérience mentat, ils se vantaient au travers des expériences de mutation
contrôlée, ils avaient combiné la capacité des Mentats avec des réalisations
spécifiquement adaptées (ou des perversions) de leur propre cru. Le résultat
fut le notoire programme de Mentats-assassins (PMA).
Le
fondateur de l’Ordre lui-même, Albans, avait mis en garde contre le fait de
combiner la formation mentat avec toute forme de spécialisation, mais au fil
des millénaires, ces mises en garde furent oubliées, la plus désastreuse fut
celle de Proctor Hiebines XI, en 10054. Il avait conclu un accord avec le
Tleilax pour répandre le bruit qu’un quatrième rang de mentat serait créé pour
des expériences visant à réaliser une infrastructure génétique sur laquelle on
pourrait appliquer un programme de formation simplifié. Bien que le plan fût
vendu à Hiebines avec un faible risque pouvant diminuer la qualité des Mentats,
son résultat final visait la destruction de l’Ordre. Le Tleilax obtint l’accès
au programme secret des Mentats, mais les produits furent de complets échecs –
rebelles contre leurs maîtres, déloyaux envers l’Ordre et coupables d’affreuses
erreurs de calcul. Les Mentats tleilaxu étaient plus mauvais qu’utiles, causant
du tort à la réputation de l’Ordre, et on se méfiait même des Mentats fiables.
De cette catastrophe naquit la crainte des « Mentats-tordus ».
L’Ordre
des Mentats ne retrouva jamais son ancien prestige, mais il garda encore un
respect limité dans certains secteurs, et ce jusqu’au règne de Leto II. Pendant
les mille premières années du règne de cet Empereur, les Truitesses et les
administrateurs planétaires doutèrent systématiquement des Mentats promus. Ce
programme, couplé avec la poigne de plastacier de la politique de Leto
conduisirent à un moindre besoin de mentat et à une grande défiance publique.
Le
but de Leto était une destruction lente de l’Ordre, en commençant par
l’affaiblir progressivement : ses nombreux Duncan furent accusés de servir
tous les conseiller-Mentats connus ; les Mentats de rang inférieur
devaient s’inscrire auprès des gouvernements planétaires et obtenir une
autorisation spéciale pour voyager entre les planètes ; la Guilde Spatiale
(craignant la perte de son allocation d’épice) refusait même les demandes
raisonnables des Mentats. Ce harcèlement atteignit son apogée avec le fameux
rapport d’Odaho-11736, qui accusait l’Ordre d’être responsable de la
catastrophe qui s’abattit sur plusieurs Grandes Maisons à la fin de la dynastie
Corrino. Cette accusation, soigneusement orchestrée déclencha l’horreur et Leto
interdit la formation des Mentats en 11745. Au cours des quatre-vingt-dix
années suivantes, tous les Mentats connus, y compris ceux en formation
probatoire, moururent, et les Truitesses scellèrent la Maison de l’Ordre vide
de Tleilax pendant 200 ans.
La
Maison fut rouverte plus tard, comme musée, mais Leto n’étendit pas la
tolérance qu’il avait accordée aux Fremen de Musée pour l’établissement d’un
musée mentat. Cependant, lorsque le public fut autorisé à accéder à la maison,
aucun papier, manuel ou guide pédagogique ne fut trouvé parmi les dossiers. A
ce jour, le seul matériau mentat retrouvé, dans le Trésor de Rakis, est une
transcription partielle d’une copie, abîmée, du Manuel des Mentats. Il reste possible, mais cela n’a jamais
été confirmé ou nié, que le Bene Gesserit ait volé le Matériel manquant pour
l’intégrer à leur propre programme de formation mentat.
Par
une ironie de l’histoire, Leto II fut, à un moment, contraint de demander de l’aide
à la Révérende Mère Tertius Eileen Anteac qui, contrairement à l’ordre de Leto,
avait été accusée d’être un conseiller mentat entièrement formé. Dans la
dernière année de sa vie, Leto demanda à Anteac d’entreprendre un voyage sur la
planète Ix. Elle y mourut sans signaler à sa Maison-mère la nature ou le
résultat de cette mission. L’ironie est double si, en effet Anteac, une femme,
était le dernier des Mentats. P.P.
Autres références :
-
Mentats,
L’organisation des ;
-
Thufir
Hawat ;
-
Piter
de Vries ;
-
Dondar
Kooreeg, Grandeur et décadence de
l’Ordre des Mentats, 2 v. (Centralia : Johun University Press).
Source : http://pivoine923s.blogspot.com/2016/08/mentats-lhistoire-de-lordre-des.html
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